BLOGUE. Voilà une affirmation qui semble gagner en popularité au sein de la société. Les actionnaires constitueraient des personnes inutiles sous prétexte qu'ils ne créent aucun emploi! Nous faisons ici référence aux actions '«déjà» émises, achetées par les petits et grands investisseurs à la Bourse, et non des nouvelles émissions d'actions pour lesquelles la création d'emplois est évidente.
Prise hors contexte, cette affirmation s'avère exacte. Lorsqu'un simple investisseur comme nous achète des actions à la Bourse, aucun emploi additionnel ne vient s'ajouter au décompte total. Toutefois, on oublie facilement ce qu'est la Bourse. Elle constitue un marché d'échange de titres, permettant aux propriétaires de liquider leurs actions avec facilité.
Les sociétés par actions qui se transigent à la Bourse peuvent croître de façon efficace, car le capital mobilisé dans ces entreprises n'a pas à être constamment redistribué aux actionnaires. Par exemple, si Paul détient des actions de Google, et qu'il a besoin soudainement d'argent, il peut simplement vendre quelques actions. Il obtient ainsi les liquidités nécessaires, en vendant une partie ou la totalité de son investissement.
Si Paul et tous les autres actionnaires de Google se trouvaient dans l'incapacité de vendre leurs parts à qui que ce soit, ils se verraient dans l'obligation de cesser ou de ralentir considérablement les activités de leur société. Ils utiliseraient les profits pour leurs besoins personnels, et peut-être qu'aucun réinvestissement ne serait envisagé.
D'importants créateurs d'emplois
Le réinvestissement des profits se traduit par une formidable création d'emplois de façon constante. Avec les années, certaines sociétés deviennent de vrais colosses, comme dans le cas de Google.
Les dirigeants fondateurs ont souhaité lancer leur entreprise en Bourse afin d'en améliorer le financement et de bénéficier de la possibilité de jouir de la valeur de leur société quand bon leur semble.
De cette façon, les dirigeants n'ont pas à se soucier du financement pour la croissance future. S'ils ont personnellement besoin d'argent, ou s'ils souhaitent plutôt diversifier leurs avoirs, ils jouissent de la possibilité de vendre une partie ou la totalité de leurs actions en temps voulu.
Le cas échéant, la personne qui achète les actions dont le fondateur se départit prend le relais! Une foule d'entreprises n'auraient jamais atteint des tailles imposantes si cet énorme avantage qu'est la liquidité n'existait pas. Par conséquent, le petit investisseur ne contribue pas nécessairement «directement'» à la création d'emplois, mais il fait effectivement partie d'un système efficace qui assure le maintien et la création d'un nombre impressionnant d'emplois.
Lorsqu'on affirme injustement que les actionnaires ne contribuent pas à créer du travail, on effectue souvent un parallèle avec les propriétaires de petites entreprises qui embauchent directement des individus. Or, il est possible d'établir une comparaison entre les deux en déterminant la quantité de capital nécessaire pour faire travailler «un» employé au sein d'une entreprise cotée à la Bourse.
Voici quelques exemples :
Wal-Mart : 120 000$
Bombardier : 100 000$
Couche-Tard : 170 000$
Ces chiffres s'obtiennent simplement en divisant la valeur boursière par le nombre total d'employés. Si on compare le capital nécessaire avant le financement par emprunt pour obtenir un seul employé, on se rendra compte qu'il s'avère souvent plus élevé à la Bourse que pour les petites entreprises. Il s'agit simplement d'une question d'évaluation et d'efficacité d'échelle. À la bourse, les entreprises affichent une certaine croissance. Or, si l'on acquiert un commerce unique, sans possibilités d'accroître significativement les ventes, on paiera un prix moindre.
Un employeur indirect
Donc, une personne qui détiendra 1 000 000$ investis dans la société Wal-Mart fait travailler théoriquement un peu plus de huit employés. Si l'argent investi continue de fructifier, et que les profits sont réinvestis afin d'accroître davantage l'entreprise, des employés additionnels s'ajouteront. Par conséquent, indirectement, l'investisseur embauche systématiquement des employés.
Il s'avère totalement ironique de penser que les actionnaires puissent être inutiles dans une société. Lorsque l'on souhaite démarrer un projet, on se retrouve souvent à la recherche d'investisseurs. On peine à trouver le capital nécessaire. Si le capital constitue un élément clé dans une société, comment le propriétaire de ce capital peut-il être considéré ''inutile''?
Bref, le problème réside simplement dans la perception des gens. Dans l'énorme système financier, tout le monde détient un rôle important à jouer. Même le spéculateur apporte une aide précieuse au sytème, en le rendant plus liquide et attrayant.
Il suffit de penser aux nombreuses sociétés qui échouent en Bourse, comme dans le domaine minier ou pharmaceutique. Des quantités incroyables de capitaux se perdent. En échange, tout ce que l'actionnaire obtient, c'est un certain espoir de devenir riche.
Mais cet espoir a permis à des millions d'emplois d'être créés, et le gouvernement a perçu des impôts sur leurs salaires. Ces fameux salaires provenaient directement du capital de l'actionnaire! Donc, tout compte fait, les actionnaires ne sont pas seulement ''utiles'' : ils constituent un pilier essentiel dans l'essor d'une société.