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Vous avez peut-être déjà entendu cette anecdote à propos de Warren Buffett, dans laquelle ce dernier se pencha dans un ascenseur pour ramasser un sou qui gisait sur le sol. Le tenant dans ses doigts, il fit remarquer aux gens autour de lui que ce sou représentait le début du prochain milliard de dollars.
Bien sûr, il serait utopique de penser qu'un sou peut suffire à amasser une fortune aussi impressionnante. Cependant, l'idée demeure bien réelle : une toute petite somme peut être transformée en une gigantesque fortune, grâce à la magie des intérêts composés. Concept simple? Trop simple même? Pourtant, il fascine les plus grands gestionnaires de ce monde, et laisse indifférente une grande partie de la population.
Pour illustrer ce principe, prenons le cas d'un individu qui épargne 3000$ par an, et dont les économies fructifient à raison de 10% par an. Pour atteindre la somme de 50 000$, on doit compter 10 ans. Les 50 000$ suivants s'avèreront nettement plus faciles à accumuler. En effet, il faut seulement 5 années supplémentaires pour y parvenir. Il s'agit de la moitié du délai nécessaire pour les premiers 50 000$.
Pour accumuler le premier million de dollars, 37 ans seront nécessaires. Par contre, les premiers 500 000$ exigeront 30 ans, ce qui signifie que du moment que ce montant est atteint, on doit attendre seulement un autre 7 ans avant d'atteindre le million. Comme on peut le constater, un important phénomène d'accélération se met en marche lorsque l'on investit. Les efforts pour économiser devront être concentrés surtout dans les premières années, car la magie des intérêts composés accomplira des miracles par la suite. Ce principe fascine à un point tel que certains prétendent qu'Albert Einstein aurait cité ce phénomène comme étant la plus grande force de l'univers (il ne s'agit que d'une rumeur, cependant).
Le mouvement Occupy Wall Street a décrié à maintes reprises l'écart grandissant entre les riches et les pauvres. Certes, beaucoup de dirigeants de société gagnent des salaires démesurés, mais comme ce sont principalement les actionnaires qui en défraient les coûts, cette folie des rémunérations exagérées n'affectent pas directement les classes les plus pauvres. Par conséquent, à défaut de réussir à ramener les salaires à des niveaux raisonnables, on peut tenter de profiter soi-même de la magie des intérêts composés.
Pour bien des gens, l'atteinte d'un montant assez substantiel constitue un but ultime en soi. Le principe des intérêts composés, quant à lui, dicte que l'accumulation d'un certain montant sert de tremplin pour l'atteinte d'un montant plus élevé. Pour une personne riche, 100M$ peut simplement constituer le capital nécessaire pour créer le prochain 100M$. Plusieurs lecteurs argumenteront à l'effet qu'il n'est point nécessaire d'amasser de telles sommes pour être heureux ou pour s'offrir une belle vie. Nous sommes tout à fait d'accord. Les rêves et les objectifs diffèrent d'un individu à l'autre.
Le principe des intérêts composés aide simplement à comprendre pourquoi il est crucial de se constituer un capital de base. Contrairement à ce que l'on peut penser, un important pourcentage de la population dispose des moyens financiers nécessaires pour y arriver à long terme. Cependant, par manque de patience ou manque de compréhension du principe, on peut s'imaginer qu'amasser une certaine somme demeure impossible. Un certain effort doit être déployé au début, particulièrement durant les dix premières années. Néanmoins, l'argument à l'effet qu'il faut profiter de la vie, ou encore le fait qu'on n'emporte point notre argent avec nous à notre décès constitue trop souvent un frein important au démarrage de la constitution d'un certain capital. Pourtant, nous savons tous que nous devons économiser pour la retraite de toute façon. Un individu qui accumule un simple 100 000$ engendrera 5000$ d'économies supplémentaires avec seulement 5% de rendements. Que préfère-t-on? Avoir à toujours travailler pour créer ces 5000$, ou laisser son capital le faire pour soi?
Mêmes les personnes très aisées en termes de revenus n'arrivent souvent pas à amasser un capital significatif. Nous connaissons plusieurs professionnels qui gagnent beaucoup d'argent. Parmi eux, se retrouvent des médecins, des dentistes ou des agents en immobiliers. Il s'agit de gens très brillants et qui ont réussi financièrement. Pourtant, après bien des années de pratique, plusieurs d'entre eux peuvent difficilement être étiquetés de personnes ''riches''. Un médecin gagnant un salaire élevé ne peut pas se considérer riche s'il accumule une valeur nette de seulement deux millions de dollars à la fin de sa carrière. Dans bien des cas, cette accumulation proviendra d'actifs tangibles comme la maison et les résidences secondaires. Pourtant, le salaire engendré aurait permis potentiellement d'amasser des fortunes qui auraient pu facilement surpasser les 10M$. Avec seulement 2M$, les revenus seront probablement moins élevés à la retraite que durant la carrière.
Pour ceux qui ne souhaitent pas nécessairement atteindre la grande richesse, il existe de très bonnes raisons pour se constituer un capital minimum. Tout argent économisé peut servir en cas d'urgence, pour soi ou pour aider un parent ou un ami. Il n'est pas nécessaire de posséder des millions de dollars pour bénéficier de la magie des intérêts composés! Si suffisamment de gens dans notre société modifiaient leur comportement en matière de finances, nous assisterions très probablement à une réduction des écarts entre les riches et les pauvres. À long terme, nous obtiendrions un plus grand nombre de personnes contribuant aux impôts de la société, et ainsi il en résulterait davantage d'argent pour aider les gens qui, malgré toute leur bonne volonté, n'arrivent pas à se constituer un capital minimum.