BLOGUE. Une enseignante du secondaire a récemment déclaré à ses élèves que la bourse en général constituait un endroit risqué pour investir, et qu'elle pouvait s'avérer une alternative pour ceux qui jouissent d'un ''surplus" d'argent (lire ici : montant que l'on est prêt à perdre) et qui désirent tenter leur chance. On sous-entend que la bourse ne convient pas à tout le monde.
De telles affirmations ne nous surprennent guère, puisque ce genre d'opinion est partagé par beaucoup de gens. En outre, un grand nombre d'entre eux ont déjà essuyé des pertes plus ou moins importantes en faisant confiance à des conseillers ou à des connaissances qui leur avaient probablement promis des gains faramineux. Avec autant d'histoires d'horreur qui circulent, comment ne pas craindre cette bête difficile à dompter qu'est la bourse?
Or, il existe une conséquence significative à l'évitement total de la bourse. Non seulement elle prive ceux qu'ils l'évitent d'importants revenus, mais elle contribue aussi à l'écart sans cesse grandissant entre les pauvres et les riches en termes d'accumulation de richesses. Quant à ceux qui épargnent gros, mais qui privilégient les certificats garantis, ils ne sont pas compensés suffisamment dans leurs investissements. Les bas taux d'intérêt actuels ne suffisent pas à battre le taux d'inflation.
Dépensez-vous auprès de ces sociétés?
Voici une liste non exhaustive de certaines sociétés publiques bien connues des consommateurs. Elle permet simplement de réaliser à quel point elles s'approprient une part importante de notre budget, chaque jour :
Apple, Banque Nationale, Banque TD, Best Buy, Bureau en Gros (Staples), Brault et Martineau (BMTC), Campbell Soup, Canadian Tires, Coca-Cola, Cisco (décodeurs de téléviseurs), Colgate-Palmolive, Columbia Sportwear (manteaux), Crocs (chaussures), Dell (ordinateurs et écrans), Facebook, Frigidaire (Electrolux), Future Shop (Best Buy), Google, Guess (pantalons jeans), Hewlett-Packard (imprimantes Brothers), Harley-Davidson, Hershey (chocolats), Hains Celestial (thés et tisanes), Home Depot, Honda, IGA (Sobeys, Empire), Jean Coutu, Kellogg, Kimberley-Clark (Kleenex, Kotex, Huggies, Cottonelle), Kraft, La-Z-Boy, LG Display (téléviseurs), LeapFrog, Loblaws (Weston), MasterCard, Mattel, Maxi (Loblaws), Metro, Meubles Léon, Microsoft, Molson Coors, Moores (Men's Wearhouse), Pharmaprix (Shoppers Drug Mart), Procter & Gamble (dentifrice Crest, rince-bouche Scope, shampoing Head & Shoulders, rasoirs Gillette), Rona, Samsung, Sony, Saputo, Second Cup, Sportscene (Cage aux Sports), Starbucks, Super C (Metro), Target, Tim Hortons, Toyota, Vidéotron (Québécor), Visa, Wal-Mart, Weston, Whirlpool.
Dire ''non'' à la Bourse revient à décliner de recevoir sa juste part d'une grande partie des profits engendrés par ces sociétés, année après année. Vous souhaitez boycotter les riches, afin de cesser de les enrichir jour après jour? Cessez simplement de consommer! Ne mangez plus, ne vous logez plus, ne vous habillez plus! Comme on peut le constater, le simple fait de vivre en société nous force à acheter des biens. Les propriétaires de chacun des commerces ou grandes entreprises qui fabriquent ces biens s'accaparent d'un certain profit sur chacune de nos dépenses. Plutôt que de cesser complètement de consommer, nous pensons qu'il s'avère plus judicieux de prendre sa place au sein de la société en tant que ''bénéficiaire financier''.
Écart grandissant entre classes sociales
Si vous n'avez aucun titre en bourse, vous ne touchez absolument rien des 12G$ de profits qu'engendre Procter & Gamble annuellement, pour ne nommer qu'un exemple. Ces 12G$ sont réalisés, peu importe que vous soyez actionnaires ou non, puisque vous-mêmes et un grand nombre de clients continuez d'acheter fidèlement leurs produits. En évitant la bourse, on fait en sorte que ces profits vont à quelqu'un d'autres. Dans bien des cas, ces profits contribuent à l'enrichissement toujours croissant des mieux nantis, qui eux, sont presque tout le temps investis à la bourse.
Résultat? Nous assistons à un écart toujours de plus en plus grand entre les classes sociales. Nous concédons bien sûr qu'il existe d'autres facteurs, mais nous soupçonnons que celui-ci pèse lourd dans la balance.
Nous avons la chance de participer aux bénéfices des grandes sociétés de notre économie. Bien des gens d'autres pays n'ont pas ce privilège. Profitons-en! Si l'on considère que la bourse comporte trop de risques à long terme, il suffit de se poser la question : ''quelles sont les chances d'assister au jour où un grand nombre de gens cesseront d'utiliser les produits ou services des sociétés mentionnées plus haut?'' Tant et aussi longtemps que les gens dépenseront, des revenus et des profits seront générés.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com