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Le moindre que l'on puisse dire, c'est que les investisseurs américains expriment de fortes craintes envers la bourse ces dernières semaines. On redoute un retour à la récession. Mais par-dessus tout, on veut éviter de revivre le cauchemar de 2008. Qu'en est-il des grandes banques? Est-ce que la situation s'est améliorée depuis la crise?
Afin de se faire une idée rapide, on peut simplement regarder l'évolution d'un ratio de levier que nous utilisons, mais qui ne constitue pas un ratio officiel. Il s'agit des prêts que l'on divise par l'équité de la banque. Plus le ratio est élevé, plus le risque est également élevé. Par exemple, si le ratio s'élève à 15, une simple perte de 6,7% de ces prêts s'avère suffisante pour enrayer tout l'équité. Pour ce calcul, on utilise 1 divisé par le ratio (1/15).
Voici le ratio de quelques banques importantes* :
2006 | 2011 | ||
M&T Bank | 13,8 | 12,8 | |
Wells Fargo | 9,2 | 7,3 | |
Bank of America | 12,2 | 7,2 | |
US Bancorp | 15,1 | 11 | |
Citigroup | 9,7 | 4,3 |
*L'achalandage, les actifs intangibles présentés au bilan ainsi que les actions privilégiées sont retranchées de l'équité. Les prêts sont nets des réserves pour pertes.
Bien sûr, ces ratios ne sont pas précis. Par exemple, les droits de services d'hypothèques constituent une certaine forme d'intangible, et pourrait réduire l'équité. Certains ratios se retrouveraient ainsi plus élevés. Cependant, les ajustements qui pourraient être effectués pour 2011 vaudraient aussi bien pour 2006. Par conséquent, on peut se fier sur le fait qu'aujourd'hui, les banques sont en bien meilleure posture pour affronter une crise qu'en 2006.
Les changements les plus notables se retrouvent chez les firmes comme Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui sont devenues des banques durant la crise. Pour ces firmes, utilisons le ratio des actifs totaux sur l'équité, sans effectuer les ajustements (actions privilégiées, achalandage, intérêts minoritaires, etc), afin d'avoir une idée de la réduction du levier sur la même période de temps. Pour Goldman Sachs, le ratio est passé 23 à 13. Quant à Morgan Stanley, la dégringolade fût plus spectaculaire : de 32 à 12!
Hormis la réduction de l'effet levier, les banques sont beaucoup plus aux aguets concernant les risques. On ne s'imagine plus que l'immobilier ne peut que monter. Par conséquent, les institutions financières s'avèrent beaucoup plus solides qu'auparavant.
Warren Buffett a procédé à un investissement de 5G$ dans Bank of America, sous forme d'actions privilégiées. Cette annonce n'est pas passée inaperçue aux yeux des investisseurs. Le titre de la banque s'est apprécié de 9% jeudi. Cet investissement constitue une marque de confiance non négligeable. Soulignons que cet apport en capital de 5G$ semble bien minime par rapport aux 941G$ de prêts au bilan. Il ne représente que 0,5% des prêts. Autrement dit, ce n'est pas les 5G$ de M. Buffett qui empêcheraient une catastrophe à la banque si celle-ci était vouée à l'échec.
Pour M. Buffett, il s'agit d'un investissement intéressant, car il a acheté des actions privilégiées, tout en recevant des bons de souscriptions lui permettant d'acheter 700M d'actions à 7,14$. Si vous multipliez les deux montants, vous remarquerez qu'il bénéficie du même potentiel de profits qu'une personne ayant acquis les actions, tout en jouissant d'un rang prioritaire sur les actionnaires ordinaires en cas de liquidation. Pour couronner le tout, il recevra un dividende de 6% par an!
2006 | 2011 | ||
M&T Bank | |||
Wells Fargo | |||
Bank of America | |||
US Bancorp | |||
Citigroup |