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Si l'on en juge par les rendements de l'indice américain S&P 500, 2012 constitua une bonne année. En incluant les dividendes, un investisseur utilisant la méthode passive et qui aurait alloué son argent dans cet indice aurait bénéficié d'un rendement total d'environ 16%.
Beaucoup de littérature a été produite sur le sujet, à l'effet que la gestion passive revêt une forme de sagesse par opposition aux personnes qui transigent fréquemment. À entendre parler certains gestionnaires, la spéculation se définirait en fonction du nombre de transactions effectuées sur un certain laps de temps. Acheter des titres uniquement pour le long terme supposerait le recours à la patience et au gros bon sens.
Nous devons souligner d'emblée que les investisseurs que l'on surnomme ''day traders'' transigent très fréquemment, sans nécessairement procéder à une analyse rigoureuse des états financiers des sociétés sous-jacentes aux titres transigés. Toutefois, affirmer qu'un investissement à court terme constitue systématiquement de la spéculation s'avère totalement erroné à notre avis. Acheter un titre sous-évalué, suite à une analyse approfondie des états financiers, peut aboutir en un véritable investissement, réfléchi et empreint de sagesse, même s'il est revendu au bout de six mois!
Lorsque nous procédons à l'achat d'un titre, nous ne connaissons pas d'avance le moment où nous nous en départirons. Si nous achetons le titre ''X'' à 20$, et que nous évaluons sa véritable valeur à 30$, nous patienterons le temps qu'il faut pour que notre profit se réalise. Parfois, l'appréciation du titre se concrétise rapidement. À d'autres moments, au lieu de quelques mois, quelques années peuvent s'avérer nécessaires. Bien sûr, la valeur estimée changera en cours de route. Ainsi, au bout de 12 mois, elle peut avoir changé à 35$ plutôt que les 30$ précédents. Dans ces conditions, nous réévaluons notre investissement.
Si le titre explose à 30$ après avoir été acquis à 20$, il sera vraisemblablement vendu pour être remplacé par un autre titre que nous jugeons nettement sous-évalué. Le fait que la vente ait eu lieu hâtivement ne signifie en aucune façon qu'il s'agissait de spéculation. Profiter constamment des opportunités qui s'offrent à nous à la bourse équivaut à une stratégie prudente et intelligente.
Lorsque les opportunités abondent, on peut plus facilement obtenir davantage de rendements pour notre portefeuille. Par conséquent, la rotation des titres s'en trouvera plus élevée puisque dès qu'un titre se rapproche de sa valeur intrinsèque, nous n'hésitons pas à le remplacer par un investissement plus intéressant. Lorsque nous jetons un coup d'oeil à nos portefeuilles comparativement à la même période il y a douze mois, nous constatons qu'aucun titre ne figure dans les deux périodes. Autrement dit, la rotation fut complète.
Malgré cette rotation, nous sommes encore très loin de celle que l'on retrouve chez les ''day traders''. Ceux-ci transigent quotidiennement, n'investissant parfois que pour quelques heures. Lorsque nous analysons nos titres, nous constatons qu'aucun d'eux n'a atteint ou ne s'est même rapproché de sa valeur intrinsèque en quelques heures. Au mieux, quelques mois se sont avérés nécessaires.
On doit noter que la plupart des titres vendus au cours de la dernière comportaient encore un certain potentiel de rendement, suffisamment pour les conserver. Toutefois, la rotation nous a permis de faire mieux, et elle s'est avérée possible uniquement parce que nous avions déniché d'autres titres plus prometteurs. Autrement dit, si nous avions été à cours d'idées, nous aurions probablement conservé une bonne partie du portefeuille que nous détenions il y a douze mois.
Une importante mise en garde s'impose. Vendre un titre simplement parce qu'il s'est apprécié constitue une erreur. Par exemple, un individu pourrait se départir du titre X suite à une appréciation de 10$ à 18$, en se disant que 80% de rendements, c'est bien assez. Voilà une erreur typique courante. Pour savoir si un titre devrait être conservé, il doit plutôt évaluer son potentiel et son risque futur, à partir du nouveau prix de 18$. Si durant l'année, la valeur intrinsèque de son estimé a grimpé de seulement 20% grâce aux profits de l'entreprise et aux nouvelles perspectives, les 10$ payés auparavant équivalent à 12$ aujourd'hui. Autrement dit, son titre se transige maintenant 1,5 fois plus cher qu'avant (18$ divisé par 12$).
Dans un tel contexte, la vente serait justifiée si notre individu avait trouvé une autre société dont le prix s'avèrerait aussi alléchant que la société X à 12$. Donc, la vente devient logique s'il agit d'un remplacement par un titre nettement plus attrayant. Dans les autre cas, on vendra si la société que l'on détient si elle expérimente une détérioration de ses perspectives futures, ou si le titre devient clairement surévalué.
En conclusion, une forte rotation passagère de nos titres peut s'avérer une bonne stratégie si les opportunités du marché le justifient. Dans le cas contraire, nous concédons le fait que l'on verserait dans la spéculation.