La plupart des investisseurs n'apprécient guère que leurs titres demeurent en territoire de sous-évaluation trop longtemps. Nous comprenons et partageons parfaitement ce sentiment. Toutefois, ce genre de scénario favorise la création de valeur à long terme dans le cas des entreprises qui procèdent à des rachats d'actions importants et réguliers.
Warren Buffett a déjà exprimé son point de vue à ce sujet, concernant les actions d'International Business Machines Corporation (IBM-N). Il statua qu'il préférait un prix bas pendant de longues années, afin d'assister à une augmentation plus significative du profit par action à long terme. En effet, plus une société rachète bas, plus les actionnaires ayant un long horizon temporel en bénéficient. Pour un dirigeant d'une grande entreprise, comme JP Morgan, plaire à tout le monde constitue une tâche ingrate. On doit nécessairement se tourner vers un compromis. Si le titre est trop bas, plusieurs actionnaires démontrent leur mécontentement. Si le titre est trop haut, le rachat d'action ne figure plus parmi les options intéressantes pour rehausser la valeur à long terme (nous savons bien par contre que de nombreuses sociétés s'y adonnent peu importe le prix!).
Le chef de la direction de JP Morgan Chase & Co. (JPM-N), Jamie Dimon, semble bien sentir cette pression. Notons que cette firme est la plus importante banque aux États-Unis, avec 2,6 billions en actifs. Dire qu'elle est suivie par de nombreuses personnes constitue un euphémisme. Dans bien des cas, les résultats financiers de cette institution servent de baromètre du secteur bancaire.
JP Morgan tente de justifier le prix de son titre
JP Morgan tente de justifier le prix de son titre
Dans sa lettre annuelle de 2014, M. Dimon s'exprima en ces termes: «Bien que nous reconnaissions que notre ratio cours / bénéfice est moins élevé que plusieurs de nos compétiteurs, on doit se demander pourquoi. Je crois que notre titre a été malmené par les coûts de la réglementation et les frais légaux. Il continue de se transiger à un prix déprimé étant donné l'incertitude dans le futur liée à ces deux facteurs.»
Peu avant, dans la même page que ce dernier commentaire, M. Dimon mentionne que lorsque les marchés affichent une forte morosité, il peut s'avérer un excellent temps pour procéder à un rachat du titre. Dans sa lettre annuelle de 2011, à la page 38, il décrit l'avantage évident que constitue un rachat d'action lorsque le titre se négocie près de la valeur au livre tangible. Or, si les actionnaires voyaient leur souhait se réaliser, et que le titre atteignait un ratio cours / bénéfice supérieur de façon permanente, les rachats d'actions ne s'avèreraient plus jamais possible. M. Dimon a spécifié que lorsque le titre oscille dans une gamme de prix moins attrayants, il effectue des rachats uniquement pour annuler les actions émises aux employés. On évite ainsi la dilution des actionnaires.
En tant qu'investisseur, comment pouvez-vous tirer avantage de ces mécontentements? Si vous achetez vos titres à un prix sous-évalué, dans le but de les revendre à leur pleine valeur, vous tiendrez compte de ce trait humain qui perdurera pour l'éternité. La rogne des actionnaires crée un catalyseur intéressant pour accélérer l'atteinte de votre objectif. Certes, à plus long terme, les actionnaires n'y seront pas gagnants. Vous, par contre, vous aurez déjà disposé du titre pour saisir une meilleure opportunité!