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Vous le savez déjà probablement, mais le gouvernement américain a lancé une forte offensive sur les financières, que l'on pointe du doigt depuis la crise. L'une de ces attaques a été dirigée contre les banques et les compagnies de carte de crédit, en limitant les frais pouvant être chargés sur les transactions par cartes de débit. Le ''Durbin Amendment'' a été adopté en juillet dernier, et on a donc annoncé le 16 décembre suivant, une limite de frais de 12 cents par transaction.
Cette nouvelle limite s'est avérée un choc brutal pour bien des financières, puisque le frais moyen chargé par transaction était de 44 cents. Les titres Mastercard et Visa ont dégringolé suite à l'annonce. Quant au secteur bancaire en général, on estime que la perte causée par cette nouvelle mesure s'élèvera à 13G$ par an.
Cependant, toute restriction n'est pas sans conséquences. Selon une étude de Card Hub, les banques seront privés d'un revenu annuel de 27$ par carte de débit, mais gagneront probablement enttre 48$ et 60$ en augmentant les frais des comptes bancaires de 4 à 5$ mensuellement!
Jamie Dimon, chef de la direction de JP Morgan, a commenté à l'effet que les clients les moins fortunés seront exclus des services bancaires offerts. Il estime que 5% de la clientèle n'aura plus les moyens d'avoir un compte bancaire régulier. Il exagère sûrement, puisqu'il prêche pour sa paroisse. Cependant, il s'avère tout à fait réaliste de penser que certains clients verront leurs frais s'accroître.
Dick Bove, un analyste spécialisé dans le domaine bancaire, a récemment déclaré sur ce sujet : ''Les banques vont créer toutes sortes de nouveaux produits que les gens n'aimeront pas, mais qui seront très lucratifs''.
Le 5 janvier dernier, on pouvait lire dans un article du Wall Street Journal : "Les banques évaluent l'ajout de frais supplémentaires sur les cartes de crédit et les compte-chèques. Mais elles s'affairent également à trouver de nouvelles façons d'engendrer des profits sur les machines distributrices, et particulièrement sur les cartes de débits, qui font l'objet d'une réglementation plus serrée".
Contrairement à chez nous, les cartes de débits prévoyaient des récompenses lorsqu'on les utilisait, tout comme avec les cartes de crédit. Ces programmes de récompense seront éliminés, et plus de gens auront recours à leur carte de crédit pour effectuer leurs achats. Les commerçants se sont battus pendant longtemps afin de punir les méchantes financières. Cependant, on oublie trop souvent que les consommateurs bénéficiaient grandement de ces cartes. Ces derniers devront dorénavant débourser plus d'argent pour maintenir un compte bancaire, et seront amenés à choisir d'autres méthodes de paiement que les cartes de débit puisque les banques agiront de façon à décourager leur utilisation.
Bref, les restrictions entraînent souvent des effets indésirables. Nous pensons qu'il vaut mieux encourager une saine compétition, en favorisant les compétiteurs les plus faibles, afin qu'ils puissent affronter les joueurs les plus forts. Mais trop souvent, tenter de punir les plus forts constitue l'option la plus populaire auprès du public! On préfère la coercition aux incitatifs, malgré le fait que ces derniers exercent un effet bien plus puissant et efficace à long terme.