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Il semble que les États-Unis se dirigent au même endroit que la Grèce, c'est-à-dire, dans un mur. On discute souvent à propos du Québec et des pays européens au sujet de leur endettement. Nous savons bien que tôt ou tard, les gens devront développer de nouveaux comportements. Il leur sera nécessaire de s'attendre à moins du gouvernement. Se prendre en main ne constituera plus une option que l'on pourra remettre à plus tard.
Voilà que les États-Unis, pays où le capitalisme a longtemps permis à sa population d'atteindre un des plus hauts niveaux de vie, deviennent de plus en plus comparables aux nations d'Europe. Le gouvernement ne prend pas son déficit au sérieux, et l'endettement chronique est considéré comme étant une option viable. M. Obama a récemment proposé des réductions, mais étalées sur une période de douze ans! C'est la nouvelle mode chez les gouvernements. Au lieu de prévoir des coupes drastiques, on déclare de gros chiffres, sachant qu'ils seront répartis sur plusieurs années. C'est comme si votre employeur vous annonçait qu'il vous paiera 200 000$, en cherchant à vous faire sursauter de joie. La mauvaise nouvelle, c'est que ce montant vous sera versé sur 10 ans.
Avant, les gouvernements commettaient l'erreur de penser que les revenus de l'état allaient grimper d'année en année, grâce notamment à la croissance de la population. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une tout autre réalité : cette hausse des revenus ne se concrétise pas comme prévu. Alors on emprunte la même tactique qu'auparavant, mais en l'appliquant aux dépenses! On cherche à croire que le temps arrangera les choses, et que ces dépenses diminueront progressivement au fil du temps. Or, comment est-ce possible? La population est vieillissante. On doit plutôt penser l'inverse!
La réalité est simple : les coffres de l'état sont vides. Il n'y a plus d'argent. Pendant longtemps, on a eu recours aux emprunts. Même si les États-Unis possèdent des avantages indéniables sur les pays européens (devise américaine et capitalisme ''un peu plus'' développé), ils devront réaliser que l'endettement a ses limites. Obama reste réticent à sabrer sérieusement dans les dépenses, mais les agences de notation de crédit pourraient lui procurer un bon coup de main. L'agence S&P a récemment révisé ses perspectives vis-à-vis la dette du pays. Si le gouvernement ne fait rien, les agences de notation procèderont aux mêmes décotes qu'avec la Grèce et l'Irlande. À ce moment-là, le gouvernement devra réagir, et la population n'aura d'autres choix que d'accepter.
En ce qui concerne les investisseurs, on ne doit pas s'inquiéter outre mesure du ménage gouvernemental. Si les sociétés dans lesquelles vous investissez ne possèdent pas d'obligations ou de bons du trésor américain, seule la consommation à court ou à moyen terme pourrait être affectée. Comme les États-Unis se relèvent à peine d'une crise, nous croyons que l'impact ne sera pas significatif à long terme. On doit cependant porter une attention particulière aux sociétés endettées, car la perception des créanciers pourrait changer drastiquement. Dans un tel contexte, le renouvellement des prêts pourrait être assujetti à de fortes hausses des taux d'intérêts. Actuellement, beaucoup de sociétés bénéficient du peu d'alternatives offertes aux créanciers. Si vous avez le choix entre des bons du trésor 10 ans à 3,4%, ou des obligations corporatives à 7%, vous serez facilement tenté de doubler votre rendement en prenant un peu plus de risques. Mais si du jour au lendemain, les investisseurs ''créanciers'' exigent 10% au lieu de 7%, les obligations existantes devront plonger de 30%. Non seulement un investisseur peut accuser une lourde de perte dûe à cette dévaluation, mais la société elle-même peut connaître des difficultés si elle doit refinancer ses nouvelles obligations à des taux beaucoup plus élevés.