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Vous vous souvenez du fameux discours à l'effet que l'écart entre les riches et les pauvres s'agrandit de plus en plus. Le mouvement Occupy Wall Street avait mis l'emphase sur cette statistique. Face à une telle tendance, on pourrait s'attendre à ce que la classe moyenne, qui fait partie du ''99%'', entreprenne toutes les actions nécessaires et agisse de façon rationnelle afin de contrer le phénomène. Malheureusement, il semble que ce soit l'inverse qui se produit. Les choix de la classe moyenne vont vraisemblablement les conduire de plus en plus vers la pauvreté, alors que les mieux nantis verront leur valeur nette s'accroître substantiellement. Ce phénomène se produira surtout aux États-Unis, mais le Canada ne sera pas épargné si une récession survient et que les canadiens adoptent un comportement similaire.
Vous avez été témoins de la remontée de la bourse depuis le creux de la crise. Vous aurez également remarqué que les obligations américaines n'ont jamais été aussi populaires! Observez le graphique suivant. Les taux se situent à un niveau deux fois moins élevé que le record enregistré au cours des 50 dernières années! Il démontre clairement que les obligations américaines ont la cote auprès du public, puisque l'on se contente de taux de plus en plus ridicules. Nous ne sommes donc point étonnés lorsque nous lisons dans les médias que les petits investisseurs restent à l'écart de la bourse, malgré ses belles performances depuis le début de l'année.
Or, les gens mieux nantis sont devenus de plus en plus actifs : ils raflent les aubaines, et s'adonnent parfois à des acquisitions d'entreprises complètes. Pour y arriver plus facilement, ils n'hésitent pas à utiliser des emprunts à long terme à taux d'intérêts fixes. Ainsi, ils s'assurent de payer des taux historiquement bas, tout en profitant d'un environnement financier très propice aux profits. Comme nous l'avons déjà mentionné auparavant, la bourse nous offre des actions à bon prix. Dans le même sens, nous croyons que les aubaines abondent dans le monde des affaires. Ainsi, on peut dénicher des entreprises privées et de l'immobilier à des prix qui auraient été impensables avant la crise.
Alors, qu'est-il en train de se passer? Si les gens de la classe moyenne favorisent les obligations à petits taux et les dépôts bancaires, à qui laissent-ils les meilleures opportunités d'affaires? Vous l'aurez deviné : de façon générale, ce sont les gens les mieux nantis qui les saisissent. Dans un tel contexte, comment ne pas assister à un écart grandissant entre la classe moyenne et les gens aisés financièrement?
On ne peut pas prétendre que le petit investisseur soit contraint d'investir dans les obligations. S'il se prête au jeu, ce n'est pas par manque d'argent. On cherche à éviter la bourse pour la simple raison que ses performances des douze dernières années se sont avérées décevantes. Il croit donc trouver un moment plus propice pour y investir à nouveau. Et ce fameux moment ''propice'' se situe quelque part, dans le futur, lorsque les actions deviendront dispendieuses.
Dans quelques années, les économistes annonceront probablement de nouvelles statistiques à l'effet que l'écart entre riches et moins riches continue de se creuser. Au même moment, les petits investisseurs auront peut-être perdu des sommes considérables par le biais des obligations qui ne les protègeront point contre l'effet dévastateur de l'inflation. Étant déçus de la mauvaise performance de ces véhicules financiers, ils songeront peut-être à enfin revenir en bourse, comme c'était le cas avant la crise. Ce changement coïncidera sûrement avec une prise de profits importante de la part des mieux nantis, qui chercheront à être plus sélectifs dans leurs investissements, étant donné l'évaluation supérieure des titres boursiers. Encore une fois, les investisseurs de la classe moyenne risquent de contribuer davantage au fossé qui les sépare des mieux nantis.
Ce scénario vous paraît simpliste? Pourtant, il risque bien de se dérouler au moins en partie! Nous le répétons encore et encore : la technique du rétroviseur n'a jamais fonctionné à long terme. Établissons un parallèle avec le hockey : se fier à la répétition du passé équivaudrait à se ruer constamment à l'endroit où se situait la rondelle il y a une seconde.