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Lorsque nous assistons à la chute d'un titre en portefeuille, nous devons souvent réévaluer la valeur intrinsèque de l'entreprise sous-jacente. Par exemple, le titre X a été acquis à 10$, et s'effondra à 7$. Si votre estimé de l'entreprise reste intact, vous devriez normalement racheter des actions. Cependant, si vous êtes témoin d'une détérioration évidente de son bilan ou de son modèle d'affaires, vous devriez plutôt vendre votre position.
L'erreur classique observée chez bien des investisseurs consiste à prier pour récupérer leur mise. On se promet secrètement de vendre lorsque le titre reviendra au prix d'achat initial. Il s'agit du phénomène de l'ancrage, et ce dernier s'avère nocif pour les rendements à long terme.
Mais qu'en est-il d'un prix qui chute en ''tandem'' avec la valeur intrinsèque? Voici un exemple pertinent : First South Bancorp (FSBK-Q) . Les actions ont été acquises à un coût moyen de 10,00$. Bien que cette banque détenait sur son bilan un pourcentage important de prêts commerciaux en Caroline du Nord, tout semblait sous contrôle. Les réserves de la banque permettaient d'absorber des pertes imprévues. Cependant, la situation s'est détériorée rapidement. Le taux de mauvais prêts a grimpé subitement, passant de 4 à 8%.
L'ennui ici, c'est que le comportement du titre laissait peu de place à une vente décisive. Tout d'abord, le prix chuta tranquillement, sur quelques semaines. Nous soupçonnons que certaines personnes ont profité d'informations privilégiées, leur permettant de vendre avant les mauvaises nouvelles. En ce qui nous concernait, nous assistions à un titre qui devenait de moins en moins cher. Puis, un jour de décembre, on annonce que les résultats du 4e trimestre décevront. La dégringolade fût sévère : près de 20% en une seule journée! Nous nous retrouvons donc avec une entreprise dont la valeur intrinsèque a diminué, mais dont le prix est amputé de 40%, à 6$.
Le 18 janvier dernier, les résultats sont annoncés. Comme prévus, on constate que cette banque fait face à des temps tumultueux. Comme nous avons l'habitude de faire avec tous les autres titres, nous réévaluons l'entreprise, et nous nous questionnons à savoir si l'équation ''risque / rendement'' reste toujours intéressante. Dans l'affirmative, un investisseur qui privilégie les aubaines s'accrochera à son investissement, pas parce qu'il veut éviter de réaliser une perte, mais simplement parce qu'il trouverait illogique de vendre à si grand escompte par rapport à la valeur estimée.
Parfois, ce genre de décision conduit à la détention d'un titre trop longtemps, ce qui amène d'autres pertes. Dans d'autres cas, on vend trop rapidement, et on rate des rebonds spectaculaires. On pourrait conclure qu'il s'agit d'erreurs, et qu'on aurait dû vendre plus tôt, ou conserver plus longtemps. C'est toujours facile de se remettre en question lorsque l'on connaît le résultat final! Mais l'erreur véritable dans ce cas-ci, aurait été de cesser d'évaluer la valeur intrinsèque par rapport au prix. Même les meilleures analyses qui soient peuvent nous amener à acheter un titre qui aboutira à une perte. On peut espérer ''limiter'' les pertes par de meilleures analyses, mais on ne peut pas les éliminer à tout jamais!
P.S.: L'importante vente d'actions du chef de la direction de notre banque au mois de novembre dernier constituait peut-être un indice de vente. On dit souvent que les ventes d'initiés ne constituent pas des points de repères fiables. Dans ce cas-ci, nous pensons que c'était le cas.