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À quelques reprises, nous avons entendu dire que la vie de l'investisseur serait tellement plus commode si nous vivions dans un monde de certitudes. On fait référence aux taux d'intérêts, à la dette nationale, à la situation en Europe, aux profits des entreprises, etc. Si nous connaissions d'avance les événements à survenir, pourrions-nous investir judicieusement, avec peu de risques, tout en dégageant des rendements élevés?
Prenons les certificats de placements garantis. La plupart des gens s'accordent pour dire que leurs rendements s'avèrent médiocres. Plusieurs conseillers financiers se plaisent à dire qu'il s'agit de ''certificats de pauvreté garantie''. On peut rapidement réaliser ici que la certitude comporte un prix élevé : le sacrifice du rendement.
Nous pensons que notre avantage compétitif en tant qu'investisseurs réside dans l'évaluation des incertitudes. La possibilité de faire face à des mauvaises surprises effraient la plupart des gens, et contaminent l'ensemble des marchés plutôt qu'un nombre précis de compagnies qui seraient plus vulnérables à ces surprises. Sans ces dernières, nous assisterions à une situation qui ressemblerait à celle que nous observons dans l'industrie de l'assurance aux États-Unis.
En assurance, il existe deux grands secteurs aux caractéristiques différentes : l'assurance-vie et l'assurance de dommages. Le premier de ces deux secteurs jouit de statistiques beaucoup plus faciles à prédire que le deuxième. En effet, la mortalité humaine tend à être stable. Pour une année donnée, l'espérance de vie ne varie pas beaucoup. Vous n'entendrez jamais dire que votre espérance est passée de 80 ans à 40 ans pour 2013. En assurance de dommages par contre, l'industrie doit composer avec de fortes variations : tremblements de terres, ouragans, pluie de poursuites contre les dirigeants d'entreprise, découverte d'un grand danger pour la santé comme l'amiante, etc.
Résultat? Les compagnies d'assurance-vie ont tendance à dégager des rendements moindres sur l'équité que les autres compagnies d'assurance. Étant donné que les réclamations d'assurance-vie présentent une certaine stabilité, les assureurs sont plus compétitifs et peuvent se contenter de primes moindres pour assumer des risques. Ils ont besoin de moins de marge de sécurité en cas d'erreur. Ils établissent également des prévisions à long terme, à un point tel que les états financiers de ces sociétés diffèrent grandement des autres. Cette divergence provient simplement de la prévisibilité des taux de mortalité.
Pour l'investisseur, il s'avère difficile d'acheter ce genre de société à rabais, afin de la revendre à fort profit plus tard. La certitude crée une certaine stabilité non seulement dans les résultats des sociétés, mais également dans l'évaluation des titres. On peut observer un comportement similaire chez les titres de services publics, comme les fournisseurs d'électricité.
Bref, si toutes les sociétés bénéficiaient de plus de certitudes, nous ferions face à un sérieux problème! Nos rendements deviendraient médiocres. Il en va de même pour l'économie en général. La peur des investisseurs créent des opportunités qui ne surviendraient jamais autrement. Produire des rendements de plus de 20% par an demeurerait impossible si les prix en bourse reflétaient en tout temps la valeur intrinsèque des entreprises. L'aspect maniaco-dépressif de la bourse peut déplaire à bien des gens, mais nous croyons qu'étant donnée la nature humaine, il existera toujours. Vous devez donc maitriser vos émotions, et être très sélectif dans vos choix. Vous en serez largement récompensé!
P.S.: Exceptionnellement, un certain degré d'incertitude affecte même l'industrie de l'assurance-vie en ce moment et crée des évaluations intéressantes. Les bas taux d'intérêts nuisent à plusieurs d'entre elles, et c'est le cas pour MetLife Inc, dont le ratio de la valeur marchande sur la valeur au livre n'a jamais été aussi bas en dix ans!