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Obama est revenu à la charge concernant la taxation des riches, dans un discours où il mentionne que les mieux nantis doivent payer leur juste part. La justification fréquemment utilisée consiste à comparer les impôts des gains en capital et des dividendes que les investisseurs paient (15%) par rapport aux revenus d'un salarié. Cet exemple est devenu populaire, car il s'agit de celui utilisé par Warren Buffett quand il compare son propre taux de taxation à celui de sa secrétaire.
Nous n'avons rien contre les débats sur la taxation des mieux nantis. Cependant, on compare des pommes avec des oranges. Le public est fortement induit en erreur, et cela ne fait qu'envenimer la relation déjà fragile entre les riches et les moins riches.
Le chroniqueur Randall Forsyth, du site ''Barron's'', effectue la précision suivante concernant les impôts dans l'article ''Millionaires Won't Sit Still for Higher Taxes'' :
''Personne ne semble se demander pourquoi les dividendes et les gains en capital sont taxés à des taux privilégiés. La réponse est simple : ils ont déjà été taxés, et l'allègement fiscal dont ils semblent bénéficier s'applique à des revenus qui sont imposés une deuxième fois.
Les dividendes d'une corporation sont versés une fois que celle-ci a payé ses propres impôts de 35%. Les gains en capital, quant à eux, constituent des revenus d'investissement qui proviennent d'épargnes. Ces derniers représentent des revenus qui ont été imposés, mais pas dépensés.
Une vedette du rock qui est millionnaire et qui dépense tous ses revenus doit payer ses impôts une seule fois. Une vedette de musique rap à l'esprit entrepreneurial et qui investit soigneusement dans une entreprise qui crée des emplois et de la richesse se retrouvera imposée une deuxième fois sur les dividendes et les gains en capital qui seront générés.''
L'exemple de M. Forsyth cible bien la différence entre l'imposition des revenus d'une personne qui dépense sans retenue comparativement à un épargnant créateur d'emplois. Nous ajouterions même que l'entrepreneur qui investit doit utiliser de l'argent déjà imposé pour effectuer sa mise de fonds. Par la suite, l'entreprise qu'il a financée paiera un impôt de 35% sur les profits. S'il se verse les 65% de profits après impôts, il devra payer un montant additionnel de 15% puisqu'il s'agit ici de dividendes. Le coût total s'élève donc à 44,75% : (65% des profits x 15%) + les impôts initiaux de 35%.
Par conséquent, évaluer les impôts d'un salaire contre celui d'un investissement revient à comparer des pommes avec des oranges. Toutefois, le débat prendrait une allure plus saine et plus équitable si la question reposait davantage sur la capacité des mieux nantis à contribuer à l'allègement du déficit. Notre blogue ''Qui paie le plus d'impôts'' démontre clairement que les riches défraient une grande partie des déboursés publics sur le plan ''absolu''. Autrement dit, une large part des impôts leur est attribuée. Cependant, sur le plan ''relatif'', les riches paient également un pourcentage significatif. Peuvent-ils payer davantage que 44,75%?
En appliquant un taux sur le gain en capital de 30% comme le suggère M. Obama, le taux total équivalent atteindrait environ 54,5% (35% à la source, et 30% des 65% qui restent lorsque le gain en capital est déclenché). Bien sûr, une personne qui gagne plus d'un million de dollars par an peut très bien survivre avec un tel taux. Néanmoins, si le débat consiste à simplement faire payer davantage les investisseurs, qu'on en débatte sans avoir peur de mentionner les vrais chiffres!