BLOGUE. En bourse, on assiste à un rachat d'action lorsqu'une société procède à l'acquisition de son propre titre sur les marchés. Il peut prendre la forme d'une offre spécifique dans laquelle la direction établit le prix et la quantité d'actions qu'elle souhaite racheter.
Elle utilise alors un mécanisme précis pour répondre à la demande des investisseurs qui souhaitent s'en départir en tout ou en partie. Toutefois, dans la majorité des cas, la société procède simplement à des achats sur les marchés, selon les volumes et le prix.
Pour bien des investisseurs, un rachat d'actions constitue une décision positive. Elle lance un message aux investisseurs à l'effet que la direction estime que son titre est sous-évalué. C'est pourquoi on assiste souvent à une certaine appréciation du titre suite à l'annonce d'un rachat d'envergure.
Mais les rachats s'avèrent-ils toujours une bonne chose pour les actionnaires?
Certains lecteurs s'étonneront peut-être de ce fait, mais dans bien des cas, les rachats augmentent le risque financier d'une entreprise. Prenons le cas de Moody's, cette agence de notation, qui effectua d'importants rachats d'actions juste avant la crise financière.
De 2006 à 2009, le nombre d'actions passa de 306M à 238M. La valeur nette indiquée au bilan, sans retirer les actifs intangibles, s'élevait à 167M$. L'encaisse nette quant à elle affichait une valeur de 108M$. Comme Moody's jouissait d'une rentabilité solide, elle procéda à un rachat qui occasionna un déboursé d'environ 3,4G$ réparti comme suit : 1,1G$ en 2006, 1,7G$ en 2007 et 600M$ en 2008. À la fin de l'exercice financier de 2008, la société ne disposait plus d'une encaisse nette positive, alors que la dette surpassait l'encaisse par un montant de 1,2G$.
Or, la valeur nette se retrouvait maintenant dans le rouge, même sans retrancher les actifs intangibles, pour un montant de 1G$. La direction souhaitait probablement fouetter la croissance des profits par action, ce qui s'avère possible par le biais du rachat d'actions. Toutefois, elle utilisa l'endettement pour y arriver. On emprunta significativement afin de pouvoir consacrer d'importantes sommes au rachat.
La crise survint. Les revenus fondirent de 22% en 2008, ce qui précipita les profits à la baisse. Heureusement, Moody's continua d'en générer suffisamment afin d'améliorer le bilan simplement en ''cessant'' de racheter ses actions sur les marchés. L'accumulation de ces profits permit de ramener la valeur nette à un niveau positif.
Bien entendu, si Moody's était devenue déficitaire, la situation serait devenue catastrophique. On peut constater facilement pourquoi un rachat d'actions agressif augmente les risques financiers. Dans d'autres cas, un rachat effectué avec régularité gardera à l'écart bien des déroutes de la part de la direction. En effet, lorsque d'importantes liquidités s'accumulent, on peut être tenté de procéder à des acquisitions ou de diversifier dans d'autres domaines dans l'unique but de faire croître la société. Ces situations amènent trop souvent de nouveaux risques inutiles.
Les investisseurs doivent donc porter une attention particulière aux impacts des rachats. Ces derniers doivent être utilisés avec modération. Certaines entreprises s'en sortent bien. C'est le cas d'ailleurs de Autozone (AZO-N, voir historique de 10 ans), mais pas de Sears Holdings (SHLD-Q, voir historique de 10 ans)!