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On commence à peine à entendre que le problème de la Grèce serait temporairement réglé, et déjà l'Italie devient le centre de l'attention. Bien sûr, nous nous attendions à cette suite d'événements, car nous connaissons l'état des finances de l'Italie, du Portugal, de l'Espagne et de l'Irlande. Même la France risque d'être soumise à de rudes épreuves lorsque son niveau d'endettement atteindra un seuil critique.
L'Europe dérive, et on peut difficilement envisager un scénario optimiste à long terme. Mais, les États-Unis n'expérimentent-ils certains défis similaires? Le gouvernement n'enregistre-t-il pas d'énormes déficits? Tout à fait! Néanmoins, une grande différence subsiste entre les deux continents.
Kian Abouhossein, un analyste de JP Morgan qui étudie les banques européennes, offre une explication intéressante. Il affirme qu'aux États-Unis, les grandes banques comme JP Morgan, Bank of America et Citigroup ont réduit leurs mauvais actifs de 80% depuis le début de la crise. En Europe, les banques anglaises, françaises et allemandes figurent parmi les institutions détenant le plus d'actifs indésirables. Dans la même période de temps, elles ont diminué ces actifs de 30% à 50%. Pourquoi le processus s'avère-t-il plus long? D'après M. Abouhossein, il s'agit surtout d'une divergence culturelle. On aborde et affronte les problèmes avec des approches différentes :
''Aux États-Unis, on encaisse le coup, on va chercher du nouveau financement, et on regarde vers l'avenir. En Europe, les banques ont l'habitude d'espérer et d'attendre que les prix se normalisent avant de se débarrasser de ces mauvais actifs.''
Nous constatons que les sociétés américaines connaissent une nette amélioration de leurs résultats de trimestre en trimestre. Beaucoup d'entre elles présentent des bilans solides comme le roc. Quant aux banques, elles réagissent promptement pour s'assurer qu'elles pourront continuer à aller de l'avant. Beaucoup de mises à pied ont été annoncées dernièrement, ce qui leur permettra de conserver davantage de capital pour affronter une tempête le cas échéant.
Certes, on ne peut nier le problème de l'endettement souverain. La dette américaine se situe à environ 15T$. Heureusement, les banques américaines détiennent de faibles quantités de la dette de leur pays, contrairement aux banques européennes. Dans une économie quelconque, lorsque les étrangers possèdent la majeure partie de la dette nationale, le risque ultime repose sur leurs épaules. Qui plus est, à l'exception du Royaume-Uni, l'Europe doit composer avec une devise commune qui empêche ses membres de jouir d'une certaine flexibilité dans leur politique monétaire.
En résumé, les banques européennes détiennent une part importante de leur propre dette, leurs pays ne bénéficient pas des avantages d'avoir leur propre monnaie, et lorsqu'un problème survient, la culture les amène à réagir plus lentement que les américains. Par conséquent, les investisseurs d'ici risquent d'entendre parler pendant longtemps des déboires de l'Europe. Cependant, l'essentiel consiste à réussir à dégager de bons rendements malgré les mauvaises nouvelles. À l'instar de Warren Buffett qui achète depuis plusieurs mois, nous pensons qu'il existe bien des titres intéressants aux États-Unis. Alors, pas besoin d'attendre que l'éternelle crise européenne se termine!