BLOGUE. La Bourse a bondi jeudi, suite à l'annonce d'un programme de rachat de titres adossés à des créances hypothécaires par la Fed aux États-Unis. On prévoit acheter pour 40G$ US mensuellement, jusqu'à ce que le taux de chômage s'améliore. En outre, elle pourrait intervenir davantage si la situation l'exigeait.
Il s'agit d'un programme très agressif, car aucun plafond n'a été fixé. Il restera en vigueur jusqu'à ce que le nombre de travailleurs se cherchant un emploi atteigne un niveau acceptable. La hausse observée à la Bourse aujourd'hui n'est donc pas surprenante.
Bien qu'elle puisse paraître agréable pour certains, cette hausse comporte un coût à long terme. En tant qu'investisseur et entrepreneur, on doit se questionner sur les effets qu'exerceront ces mesures à long terme.
Lisez aussi: Fed: le contexte boursier restera favorable, de Bernard Mooney
Le message de la Fed pourrait se traduire ainsi : elle préfère l'inflation à la déflation. Les rachats de titres qu'elle effectuera injectera de l'argent dans l'économie, en utilisant une source intarissable - la planche à billets. Tout créancier peut difficilement voir d'un bon oeil ce genre d'initiative, puisque la valeur de leurs créances risque de s'effriter avec le temps. Les investisseurs qui détiennent des bons du trésor américains devront être vigilants. Ils pourraient perdre gros.
Titres à revenu fixe vulnérables, page 2
Toutefois, avant que l'inflation ne s'installe, le taux de chômage doit diminuer, ce qui se traduirait par l'atteinte de l'objectif fixé par la Fed. Pour que les prix montent, les salaires doivent grimper. Or, un taux de chômage de 8% donne la possibilité aux employeurs d'économiser sur les salaires. Si les employés deviennent gourmands en ces temps difficiles, d'autres personnes désireuses d'obtenir un emploi peuvent vite les remplacer. Lorsque le taux de chômage atteindra un certain seuil, la situation avantagera les travailleurs. Les salaires devraient s'apprécier, et une certaine inflation s'installera.
Le danger réside dans le fait que lorsque les taux atteindront ce seuil, toutes les entreprises pourraient décider soudainement d'investir massivement, ayant repris confiance en l'économie. Un tel scénario présage une forte inflation, même si la Fed réagit en tentant de calmer l'élan. Les investisseurs doivent donc s'assurer de posséder des titres qui ne seront pas affectés sévèrement par ce risque. Les titres à revenus fixes à longue échéance sont vulnérables.
Même si un investisseur ne possède point de ces titres directement, il doit s'assurer de ne pas investir dans des sociétés qui en détiennent beaucoup.
Nous possédons personnellement plusieurs titres de sociétés financières en portefeuille. Et nous attachons une attention particulière aux obligations qu'elles détiennent. Plus les échéances sont brèves, mieux se portera la société dans un contexte d'inflation. Les obligations à court terme permettent de réinvestir rapidement les capitaux à des taux plus élevés lorsqu'elles viennent échéance.
En tant qu'investisseurs qui entrevoient les titres boursiers comme étant des parts d'entreprises, nous n'apprécions guère d'avoir à considérer le contexte macroéconomique avant d'investir.
Malheureusement, le budget américain accuse toujours d'importants déficits, et la mise en place du programme de la Fed ne fait qu'augmenter les chances d'assister à une inflation élevée. On ne peut donc pas ignorer l'impact que cette dernière pourrait exercer sur certaines sociétés.