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Lorsque nous effectuons nos recherches de titres, nous accordons une importance toute particulière au bilan. Nous préférons les entreprises qui jouissent d'une situation financière solide. Nous irions un peu plus loin en affirmant que nous tentons de dénicher des titres pour lesquels le versement d'un dividende spécial est plausible. Il s'agit d'entreprises qui jouissent d'un excès de liquidités, et dont la taille n'est pas assez grande pour les forcer à se prémunir d'un département complet pour gérer les relations publiques.
Les grandes entreprises se voient plus souvent qu'autrement obligées de composer avec l'opinion des analystes, qui eux influencent les actionnaires. Par exemple, en 2004, on avait longtemps critiqué Microsoft d'accumuler de l'argent en encaisse, sans en faire bénéficier les actionnaires. Elle avait accumulé 60G$ en encaisse, et décida finalement de procéder au versement d'un dividende spécial de 3$ par action. Si l'entreprise avait été de petite taille, il y a fort à parier qu'elle aurait pu accumuler des sommes relatives beaucoup plus élevées avant d'agir. C'est pourquoi nous pensons qu'il est plus facile de repérer des bilans extraordinaires chez les sociétés à petites capitalisations. Par bilan ''extraordinaire'', nous sous-entendons un bilan blindé de liquidités, jusqu'au point où l'encaisse peut parfois surpasser la valeur marchande de la société.
C'est précisément le cas avec Gencor Industries. La société affiche un bilan en or, avec 83M$ en liquidités, comparativement à une valeur boursière de seulement 72M$. Gencor fabrique l'équipement nécessaire pour fabriquer de l'asphalte pour les routes. Il peut s'agir d'usines dédiées à la production d'asphalte, ou encore, de silos pour l'entreproser. Étant donné que les budgets sont comprimés au gouvernement, peu d'argent est alloué à la construction des routes à la grandeur du pays. Par conséquent, les entrepreneurs qui construisent les routes sont présentement réticents à l'idée d'acheter de l'équipement pour des projets à long terme.
Les opérations de Gencor sont donc déficitaires. Cependant, grâce à son imposant portefeuille de liquidités (obligations, actions et autres), l'entreprise réalise des profits! On pourrait penser à première vue qu'il s'agit d'une excellente stratégie. On se retrouve en présence d'une compagnie pour laquelle la faillite n'est pas une menace, malgré les difficultés rencontrées dans son domaine.
Nous pensons plutôt tout le contraire. Les imposantes liquidités permettent aux dirigeants de s'asseoir sur leurs lauriers. Pourquoi se presser à développer de nouveaux marchés ou à couper davantage dans les dépenses, puisque le portefeuille fait patienter les actionnaires en attendant! Par conséquent, bien que ses opérations soient déficitaires, Gencor annonce des profits (voir l'annonce). Si l'entreprise versait un énorme dividende spécial, la situation pourrait être différente.
Les dirigeants sont composés essentiellement de la famille Elliott, le père et ses deux fils. Ils détiennent plus du tiers des actions, et la façon dont le capital de l'entreprise est structuré leur permet de contrôler la nomination des directeurs au conseil. Ils ne sont donc pas inquiétés par une possible prise de contrôle par une tierce partie. Si les actionnaires ne sont pas satisfaits, tant pis! Ils n'ont qu'à investir ailleurs!
Un de leurs compétiteurs, Astec Industries, a réussi à engendrer des profits sans compter sur un imposant portefeuille (voir communiqué). Qui plus est, elle présente un plan pour croître même si le gouvernement fédéral n'aboutit point avec un budget raisonnable pour les routes du pays. Elle peut donc se concentrer sur l'accroissement de ses parts de marchés.
Nous aimerions que Gencor en fasse autant. Et surtout, nous adorerions que les Elliott procèdent au versement d'un généreux dividende. Ils pourraient facilement se départir de 60M$, ce qui laisserait 23M$ en encaisse. Ce montant représente plus de 6$ par action. Le titre se transige actuellement à 7,60$. Nous serions très surpris si le titre s'effondrait à moins de 3$ suite au versement d'un tel dividende. À un tel prix, l'entreprise serait évaluée à 29M$, tout en détenant 23M$ en encaisse. Dans le meilleur des scénarios, le titre pourrait même ne pas s'effondrer du tout si la direction entreprenait un plan de développement sérieux. L'entreprise a déjà été très profitable dans le passé, et l'évaluation actuelle de 72M$ serait raisonnable si on pouvait espérer un quelconque retour des profits d'opérations (les vrais profits!). Gencor devrait entre autres miser sur la clientèle internationale pour accroître son chiffre d'affaires de manière organique.
Au lieu de cela, les Elliott comptent sur une éventuelle acquisition. Au moins, ils ont de toute évidence appris à ne plus s'endetter. Ils ont connu leur lot de déboires auparavant. Il y a 11 ans, c'était une toute autre entreprise! Admirez la différence : l'horrible bilan de 2001 et le bilan actuel. Les acquisitions passées jumelées à des dettes les ont acculés à la faillite. Les dirigeants ont probablement compris la leçon. Ils doivent cibler minutieusement les entreprises qu'ils souhaitent acheter. Cependant, ils ne semblent pas être devenus de meilleurs gestionnaires de capitaux! Au prix actuel de leur titre, ils devraient sérieusement envisager un rachat d'actions! Ils ont la possibilité de le saisir à une valeur inférieure aux liquidités, mais ils n'en font rien! Pourtant, il s'agit ici de la meilleure acquisition à laquelle ils puissent procéder : leur propre compagnie.
Gencor ne verse pas de dividende spécial et ne rachète pas son titre non plus. Bref, elle excelle dans l'art de ne rien faire avec un précieux capital!