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Voici la façon typique d'acquérir un titre pour bien des investisseurs. On commence par faire un peu de recherches. Ensuite on prend une décision à savoir si le titre convoité devrait faire partie du portefeuille ou non. Dans l'affirmative, on procède à l'achat. Il s'ensuit un certain suivi, en prenant connaissances des résultats trimestriels et des communiqués de presse qui sont émis. Cependant, une fois que l'achat est effectué, la prochaine étape consiste à attendre le moment idéal pour vendre.
Puis, lorsque l'objectif est atteint et que le titre a touché sa cible, on vend. Si le titre fait du surplace, on se questionne. S'il baisse, on s'inquiète ou alors on s'intérroge sur la possiblité de diminuer le coût moyen en rachetant à un prix inférieur. Dans la majorité des cas, on peut compter un achat ou deux. Souvent, lorsque le titre grimpe, un investisseur sera réticent à en acquérir davantage, ce qui limite le nombre d'achats au total.
Ce genre de scénario survient dans les portefeuilles bien diversifiés, comptant un certain nombre de titres (15 et plus). Dans un portefeuille concentré, un seul titre peut représenter un important pourcentage, par exemple entre 15% et 50% du portefeuille. Pour bien des gens, une concentration aussi forte peut sembler effrayante. Toutefois, les achats d'actions menant à des pourcentages aussi élevés ne se font pas sur un coup de tête. Bien que cela puisse sembler étrange, nous pourrions comparer le processus d'achat d'actions au mariage!
Lorsque deux personnes se rencontrent pour la première fois, elles s'évaluent entre elles. Elles analysent la première impression. Elles se forment vite une idée : ''Suis-je intéressé (ée) à la (le) revoir?'' Au début, les critères seront surtout l'attirance physique, la façon de se comporter de la personne ainsi que ses intérêts dans la vie qui attireront l'attention. Si la première réaction s'avère négative, on ne va pas plus loin. La première rencontre comporte l'avantage d'être un simple rendez-vous. Il n'y a pas de risques, puisque en cas d'échec, on évite simplement de revoir la personne.
Le processus d'achat d'actions ressemble un peu à cette manière progressive d'entrer en contact avec quelqu'un. Lorsqu'un titre semble intéressant au premier coup d'oeil, parce que nous aimons son bilan, son modèle d'affaire et son prix (après quelques heures de recherche), on procède à un premier achat. Nous ne nous disons point : ''Devrions-nous investir 20% dans ce titre ou rien du tout?'' Tout comme dans un couple, on ne parle pas de mariage ou d'avoir des enfants avec l'autre personne dès la première rencontre. Donc, il est normal de débuter avec une petite position, qui peut varier entre 2% et 5%.
Acheter une petite quantité d'actions permet de limiter les pertes en cas d'erreur. Moins l'on connaît un titre, plus nous prenons un risque élevé puisqu'un élément négatif concernant la société n'a peut-être pas encore été trouvé. Suite à l'achat initial, les recherches se poursuivent, dans l'espérance de trouver de bonnes raisons pour en acquérir davantage. En outre, un investisseur qui possède déjà un titre sera plus motivé à faire des recherches approfondies sachant qu'il pourrait perdre de l'argent en cas d'erreur. Donc, acheter une position de départ sert de motivation pour d'autres recherches.
Pour en revenir au couple, la relation progresse avec le temps. Si tout va bien, on pense à emménager ensemble. On passe aux choses plus sérieuses, comme avoir des enfants et la possibilité du mariage. Plus la relation progresse, plus les conséquences seront lourdes si elle doit prendre fin subitement.
Acquérir un titre suit la même logique. En connaissant davantage la société, on arrive à mieux cerner le risque, et on acquiert l'assurance nécessaire pour acquérir d'autres actions et aboutir avec une pondération importante en portefeuille. Dans certains cas, on peut acheter un titre à plus de 10 reprises. Cela survient particulièrement à la vente d'un autre titre, ce qui crée des liquidités disponibles pour le titre convoité dont on souhaite renforcer la position.
Dans un mariage par contre, la dissolution (le cas échéant) survient dans des moments difficiles. À la bourse, le dénouement s'avère souvent heureux : on se départit d'un titre parce qu'il s'est apprécié suffisamment pour ne plus être une aubaine. Toutefois, la vente ne suit pas un cours progressif! On ne commence pas par vendre de petites quantités, afin de s'assurer qu'effectivement, on ne veut vraiment plus de ce titre! Lors d'un divorce, la séparation s'exécute également de façon drastique. On ne se dit point : ''Nous devrions commencer par nous divorcer, mais restons ensembles dans la maison afin de nous assurer que nous ne sommes plus faits l'un pour l'autre''. Étant donné que l'on connaît bien la personne, on sait très bien pourquoi l'on souhaite la séparation. Se départir d'un titre emprunte la même logique.
Si vous êtes confortables avec la concentration en portefeuille, vous devriez achetez vos titres de cette manière. Vous remarquerez qu'en procédant ainsi, il serait ingérable, voire impossible d'appliquer ce processus avec un portefeuille de 15 ou 20 titres!