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Depuis l'annonce de la perte de deux milliards de dollars sur une série de transactions par l'importante banque JP Morgan Chase, les médias ne ratent pas une occasion de diffuser les commentaires et opinions des analystes et autres intervenants du marché. On ne manque pas de critiquer fortement le chef de la direction, Jamie Dimon. Certains souhaitent même sa démission.
Bernard Mooney a écrit un blogue intéressant à ce sujet. Nous pensons nous aussi que la fameuse perte ne constitue pas un montant énorme par rapport à l'avoir total de la banque. Même si le montant final s'avérait plus élevé (par exemple, 4G$ ou 5G$), JP Morgan serait en mesure de l'absorber. Toutefois, nous voulons nous attarder sur un argument qui revient souvent, mais qui selon nous demeure sans fondement.
La frustration du public à l'égard des banques en général provient en partie du fait qu'elles ont bénéficié de l'aide du gouvernement durant la crise. En 2008, le fameux programme TARP avait été mis en place pour renflouer les financières. Les banques émettaient donc des actions privilégiées en échange de l'argent des contribuables. Cependant, ce qu'on ne dit presque jamais publiquement, c'est que les banques ne pouvaient pas vraiment s'offrir le luxe de refuser cet argent. Or, M. Dimon était clair à ce sujet : il aurait préféré ne pas recevoir ces sous.
Dans sa lettre aux actionnaires de l'année 2008, M. Dimon explique qu'il a été convoqué à un rendez-vous important, lui et huit autres dirigeants des plus importantes banques et institutions financières du pays. Le gouvernement leur a proposé d'accepter l'argent du programme qui venait d'être voté au congrès, afin de stimuler l'économie. On expliqua aux dirigeants que l'acceptation de cet argent serait bien perçue, puisque que cela ferait en sorte que les grandes institutions financières donneraient le bon exemple. Ainsi, les autres banques de moyenne et petite taille se sentiraient plus à l'aise de prendre cette aide financière à leur tour. Autrement, bénéficier de ce programme aurait pu être interprété comme une faiblesse. Donc, si un ou plusieurs de ces neuf dirigeants avaient décidé de ne pas participer au programme, beaucoup d'autres banques ou institutions auraient également fait preuve de moins d'ouverture face à cette proposition.
Suite à cette explication, M. Dimon poursuit en disant que cet arrangement ne lui plaisait point. Il utilisa ces termes :
''We felt then that accepting the TARP funds was the right thing to do for the U.S. financial system – even though it may not have been as beneficial for JPMorgan Chase as it was for some of the others.''
''In short, we did not ask for the TARP capital infusion, and we did not feel we needed it (our Tier 1 capital at year-end would have been 8.9% without it). In fact, the TARP program had asymmetric benefits to those accepting it; i.e., it was least beneficial to strong companies like ours and vice versa."
M. Dimon dit clairement qu'il pense que l'acceptation de l'argent du TARP s'avérait la bonne chose à faire pour le bien de l'économie, même si cette action avantageait certaines autres institutions davantage que la sienne. Il a écrit noir sur blanc qu'il n'avait pas demandé cette aide. Toujours dans sa lettre, il a déclaré un peu plus loin que JP Morgan se devait d'éviter d'afficher un certain égoïsme en refusant la suggestion du gouvernement, qui cherchait à améliorer tout le système financier.
Or, cette explication ne plaît pas à la plupart des détracteurs des banques. Ces derniers voudraient faire croire à la population entière que JP Morgan a été sauvée in extremis par le gouvernement, avec l'argent des contribuables.
M. Dimon s'est plaint à quelques occasions des reproches adressés à la banque concernant l'acceptation du TARP. S'il avait refusé de participer au programme, les journalistes aurait peut-être dépeint la banque comme étant le mouton noir de la communauté financière, celle qui se fiche complètement des efforts du gouvernement et de la santé financière du pays. Lorsqu'on dirige une entreprise de cette envergure, on est souvent sujet aux critiques, peu importe les actions entreprises. Un réflexe bien répandu consiste à attribuer tous les maux de la planète aux personnes riches ou aux corporations de grandes tailles.