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Avez-vous des inquiétudes face à la bourse? Suivez-vous l'actualité afin de déterminer si le temps est propice pour investir dans les actions? Êtes-vous affecté par les problèmes au Moyen-Orient, qui font les manchettes ces jours-ci?
Si on se fie aux croyances populaires bien répandues dans le milieu de la bourse, investir consiste à acquérir un panier de titres et à suivre les manchettes économiques pour suivre l'évolution du portefeuille. Pour des investisseurs comme nous qui entrevoyons les titres boursiers comme des parts d'entreprises, ce processus d'évaluation nous apparaît aussi absurde que la réaction de cet entrepreneur ''fictif'' face à son commerce :
''J'avais une franchise Rona dans la rive-sud de Montréal. Les revenus connaissaient une belle croissance et la rentabilité était au rendez-vous. J'entretenais d'excellentes relations avec mes employés. Cependant, les problèmes politiques en Égypte m'ont incité à vendre rapidement. J'ai même accepté un prix inférieur à la vraie valeur, car avec tout ce qui se passe au Moyen-Orient, je comprenais les inquiétudes de l'acheteur.''
Jamais vous n'entendrez une telle réaction ici, pour la simple raison que les entrepreneurs savent distinguer les éléments qui affectent leur entreprise de ceux qui n'ont aucun impact. En bourse par contre, nous sommes facilement influencés par le comportement des autres investisseurs. Un effet d'entraînement est créé, et il s'avère extrêmement difficile de l'ignorer.
La simple baisse de prix d'un titre suscite un questionnement, même si la valeur économique de l'entreprise sous-jacente reste inchangée. Imaginez un instant un que vous possédez un Dairy Queen sur une artère affluente dans une ville d'envergure. Tout à coup, chaque jour, un individu vient poser une pancarte devant votre commerce, sur laquelle figure le prix qu'il serait prêt à payer pour l'acquérir. Il débute avec 400 000$. Cependant, comme vous n'avez pas l'intention de vendre, vous ignorez cette offre.
Les jours passent, mais à chaque fois, le prix baisse. Lorsqu'il atteint 180 000$, vous vous inquiétez. ''Est-ce possible que mon commerce ne vaille plus que 180 000$?''. Vous vous remettez en question, et pensez à la possibilité qu'éventuellement, le prix offert soit nul. Vous vous dites alors que vous pourriez tout perdre. Pour trouver une explication à cette absurdité, vous consultez les journaux, et décidez d'attribuer cette baisse de valeur à ce qui se passe dans le monde : dette américaine, dettes des pays européens, problèmes politiques au Moyen-Orient, etc. Vous réalisez qu'il subsiste toutes sortes de bonnes raisons d'être pessimiste. Alors vous vendez!
Si seul votre commerce se voit offrir un prix différent chaque jour, vous l'ignorerez. Mais si tous les autres commerces sont en proie au même manège, et que vous voyez plusieurs propriétaires paniquer et vendre, il sera difficile de rester indifférent. Pour éviter de succomber, vous devez constamment vous en remettre à votre propre estimé de sa valeur : ses profits, ses actifs nets et ses perspectives d'avenir. Si vous l'évaluer à 400 000$, et que d'autres commerces similaires sont disponibles à 180 000$, vous devriez saliver à l'idée d'en d'acquérir d'autres. Mais à la bourse, on oublie trop souvent que ce sont les profits qui comptent, et non la tendance des prix passés. Autrement dit, on ne fait point le rapprochement entre un titre et une entreprise. C'est pourquoi nous voyons souvent nos propres titres baisser suite à certaines manchettes qui n'ont absolument rien à voir avec leur santé financière présente ou futur! Dans cette situation, nous cherchons des liquidités pour accroître nos positions. Et il nous arrive même souvent de souhaiter de fortes baisses! Si telle est votre attitude en général, vous serez rarement déroutés par les manchettes économiques. Et tout comme nous, vous considérez l'achat de titres boursiers comme des achats de parts d'entreprises!
P.S.: Warren Buffett vient de publier sa lettre annuelle. Il dit de ne pas se laisser influencer par les experts qui entrevoient de grandes incertitudes pour l'économie américaine. Il y a toujours eu, et il y aura toujours, des incertitudes concernant le futur!