Nous entendons régulièrement que les bons rendements ne peuvent s'obtenir uniquement que par l'acceptation de risques élevés. Ainsi, un investisseur qui génère 10% par an en moyenne dans son portefeuille serait en toute logique réputé assumer moins de risques que celui qui bénéficierait d'un rendement de 20% annuellement.
Un fort rendement doit-il se concrétiser nécessairement par l'acceptation d'un risque accru? Notre avis sur la question ne vous surprendra guère. Nous répondrions bien sûr par la négative. Toutefois, vous serez peut-être étonné si l'on vous mentionne qu'un gain potentiel plus significatif accompagne souvent les titres les moins risqués. Comment est-ce possible?
Pour mieux comprendre notre point, utilisons l'immobilier comme exemple. Deux propriétés de taille et de qualité similaires sont en vente à des prix différents à l'intérieur d'un territoire aux caractéristiques semblables. Le prix demandé pour la propriété ''A'' s'élève à 200 000$, alors que pour ''B'', on exige un montant de 150 000$ seulement. Dans les deux cas, nous supposons un prix de vente de 300 000$ dans 5 ans, et pour fins de simplicité, nous omettrons de discuter des flux de trésorerie générés par les loyers.
La propriété ''A'' génèrera un rendement total de 50%, contre un gain de 100% pour la propriété ''B''. Doit-on considérer cette dernière comme étant plus risquée? Ce serait absurde, nous direz-vous. Les 50 000$ qui ont été payés en moins se sont transformés tout simplement en gains. En fait, nous assistons plutôt à l'effet inverse. Payer un prix moindre ne favorise pas seulement un bénéfice plus significatif : il réduit le risque! Supposons que les deux propriétés se vendent à seulement 150 000$ au bout de cinq années, ''A'' accuserait une perte de 25%, comparativement à 0% pour ''B''.
Appliquez une logique similaire à l'évaluation des titres d'un portefeuille, et vous en viendrez à la conclusion qu'un haut rendement ne va pas systématiquement de pair avec un risque accru. Si chacun des titres du portefeuille a été raflé à un prix nettement inférieur à la valeur réelle, vous vous retrouvez avec un risque global probablement inférieur à celui du marché.
La clé consiste donc à comprendre la façon dont sont générés les rendements, plutôt que de tirer des conclusions uniquement à partir du gain absolu. En tant qu'investisseur, vous avez beaucoup à y gagner, car un rendement moyen supplémentaire de seulement 5% ou 10% par an peut accomplir des merveilles à long terme dans un portefeuille!
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com