Voilà une question qui peut sembler bien banale pour un investisseur. Pourtant, si la maison représente un actif significatif chez un ménage, une catastrophe d'envergure réduirait à néant les plans de retraites. Entendre parler de tremblements de terre ne constitue point chose commune au Québec. Toutefois, connaissant les changements climatiques de notre époque, toutes les possibilités devraient être envisagées. Vaut mieux prévenir que guérir.
Existe-t-il un véritable risque pour les Québécois? L'Insurance Bureau of Canada, un organisme qui représente les sociétés d'assurances privées habitation, automobile et enreprise du Canada, a publié un rapport intéressant au mois d'octobre dernier. Celui-ci coûta un million de dollars, et consiste en 340 pages rédigées sur 20 mois. L'objectif visait à estimer les risques de tremblements de terre dans l'Ouest et dans l'Est canadien. Notons qu'au Canada, 24 importants séismes ont eu lieu lors des 300 dernières années.
Selon le rapport, il existerait 30% de chances qu'un important tremblement frappe l'ouest dans les 50 prochaines années. Au Québec, cette probabilité se situe entre 5% et 15%. L'IBC s'alarme du fait que les gens soient peu assurés contre ce genre de risque. Évidemment, on pourrait rétorquer que l'association prêche pour sa paroisse. Toutefois, elle relève des points intéressants qui touchent particulièrement le Québec.
Le Québec, particulièrement vulnérable
Pour les besoins de l'étude, les données utilisées principales consistent en un tremblement de terre de 7,1 sur l'échelle de Richter, dont l'épicentre se situerait à 100km au nord-est de la Ville de Québec. Un tel tremblement serait ressenti jusqu'en Ontario, et les dégâts estimés s'élèveraient à 60G$, dont seulement 12G$ seraient actuellement assurés. Selon l'IBC, l'événement canadien le plus coûteux pour les assureurs jusqu'à ce jour fut la crise du verglas de 1998, pour lequel les réclamations approchèrent les deux milliards de dollars.
Or, il appert que nos infrastructures sont en piètre état au Québec (devrions-nous être surpris d'un tel commentaire?). Pendant des décennies, nous nous serions contentés de les rapiécer, les rendant ainsi très vulnérables à un tremblement de terre d'envergure. Si un pont ou un viaduc peut tomber en ruine dans des conditions normales, imaginez durant un gros séisme.
En outre, on estime que seulement 3% des propriétaires de maison seraient assurés contre ce type de risque. En effet, chez la plupart des assureurs, le risque contre les tremblements de terres n'est pas systématiquement inclus dans le contrat de base. On doit demander à rajouter un avenant et ainsi payer une prime supplémentaire. En ce qui concerne les entreprises, moins de 60% d'entre elles bénéficieraient d'une telle assurance. Ce ratio peut sembler élevé, mais notons que dans l'ouest canadien, il atteint 85%.
Il est vrai que, comme le démontre le rapport, les chances de connaître le scénario catastrophique demeurent relativement faibles. S'il existe vraiment entre 5% et 15% de probabilités d'occurrence sur 50 ans, nous devons en conclure qu'il y a au moins 85% de chances d'être épargnés. Néanmoins, si votre maison pèse lourd dans vos actifs, et que vous travaillez fort afin de vous constituer un bas de laine pour une retraite bien méritée, ne vaudrait-il la peine de considérer ce risque certes peu probable, mais très important s'il survient?
P.S.: Notons que dans bien des cas, les contrats de base prévoient une protection contre les incendies même s'ils sont causés par un séisme.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com