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À l'intérieur d'un compte marge auprès d'une institution financière, il est possible de recourir à l'emprunt grâce aux titres du portefeuille servant de garantie. Par exemple, bien des institutions offrent de prêter 70% de la valeur d'un titre jugé solide, comme Microsoft. Avec 100 000$ en actions d'un tel titre, vous pourriez emprunter jusqu'à concurrence de 70 000$. Cependant, on ne peut pas effectuer un emprunt similaire dans un régime enregistré d'épargne-retraite (REER).
Il existe un moyen de contourner cette interdiction, par le biais des produits dérivés. On attribue parfois des risques considérables à l'utilisation de ces produits. Cependant, c'est la façon dont ils sont utilisés qui conduit à la prise de risque significative ou à une gestion prudente.
Nous nous attarderons sur les options d'achat à long terme (échéant en janvier 2013), afin de tenter de ''mimer'' un prêt conventionnel à l'intérieur d'un REER. Utilisons Berkshire Hathaway pour illustrer nos calculs. Le titre se transige actuellement à 84,30$ (29 mars). À un prix d'exercice de 55$, on peut acquérir des options d'achat à 33$ (Prix des options de Berkshire Hathaway). Le coût total de la transaction : 88$ (55$ + 33$). La prime qui représente les intérêts équivalents se calcule ainsi : 88$ - 84,30$ = 3,70$. Ces 3,70$ d'intérêts jumelés à une mise de fonds calculée de 29,30$ (33,00 - 3,70) permettent d'emprunter 55$ par action, pour une période de 1,75 an. Par conséquent, le coût des intérêts s'élève à 3,8% annuellement. Évidemment, ces intérêts sont payés d'avance, ce qui implique normalement un certain calcul actuariel pour fins de comparaisons avec un prêt régulier. Néanmoins, la période utilisée aux fins de ce calcul est si courte (1,75 an) que l'ajustement serait peu significatif.
En général, plus le prix d'exercice est bas par rapport au prix du titre, moins les intérêts calculés seront élevés. Par exemple, en payant 11$ par action, on pourrait utiliser un prix d'exercice de 85$. Comme ce prix se rapproche beaucoup du cours actuel, c'est un peu comme si on empruntait sans mise de fonds pour investir. Cependant, les 11$ payés correspondent à des intérêts annualisés de 7,4%*.
Voici un autre exemple avec le titre Microsoft (Prix des options de Microsoft). Utilisons le prix d'exercice de 12,50$. On pourrait probablement obtenir des options pour 12,90$. Si vous additionnez le prix d'exercice et la prime, vous obtiendrez un coût total de 25,40$. Or, le prix actuel de Microsoft est de 25,40$.
On peut donc conclure qu'acheter l'option d'achat au lieu du titre correspond à emprunter 12,50$ par action. On emprunte donc à raison d'environ 50% de la valeur totale. Les gains seront donc doublés. Comme le coût total équivalent est de 25,40$, on ne débourse aucune prime supplémentaire pour la valeur marchande du titre. On pourrait donc déclarer que l'emprunt de 12,50$ par action n'exige aucun intérêt sur la période visée, soit 1,75 an (échéance : janvier 2013). Cela semble être une situation fort intéressante, mais attention! Les options d'achat ne donnent pas droit aux dividendes! Il faut donc ajuster ce coût en conséquence.
Le rendement du dividende de Microsoft est de 2,5%. Peut-on dire que nous concédons 2,5% de rendement par an? Malheureusement, nous devons tenir compte que seulement 12,50$ par action sont fictivement empruntés. Il faut donc diviser le rendement du dividende par 12,50$, et le multiplier par le prix courant du titre (2,5 / 12,50 x 25,40). Nous obtenons 5,1%.
De façon générale, nous ne recommandons pas d'emprunter pour investir. Trop de gens s'y sont brûlés! Par contre, si vous prévoyez recevoir un montant d'argent de façon sûre dans quelques mois, et que vous souhaitez acheter maintenant pour profiter d'une aubaine, l'utilisation d'options peut s'avérer une solution. Cette stratégie fonctionne aussi bien à l'intérieur d'un REER que dans un compte régulier.
* Le taux de 7,4% est amplifié par le fait que le détenteur ne peut pas perdre plus que 11$ par action en cas de chute importante du titre. C'est un peu comme si l'option d'achat incluait une option de vente servant de protection contre une baisse. Dans cet optique, le taux de 7,4% sera plus avantageux pour fins de comparaisons avec un prêt conventionnel légèrement moins cher.