BLOGUE-Certains partis politiques ont proposé des hausses d'impôts durant la présente campagne électorale. On compte procéder à une hausse du taux d'impôt marginal ainsi qu'à une augmentation du taux d'inclusion du gain en capital. Pour ce dernier, on envisage de passer de 50% à 75%.
Nous avons souvent entendu dire que le Québec constituait l'état le plus taxé en Amérique du Nord. Augmenter les impôts nous assurerait de maintenir notre avance à ce chapitre pour de nombreuses années. Quelles pourraient être les conséquences de telles augmentations? Nuiront-elles au développement économique? Risque-t-on d'encourager la fuite de capitaux?
Dans n'importe quel état ou pays, ce qui importe, c'est la présence d'alternatives pour ceux qui paient le plus d'impôts. Tout récemment, le nouveau président de la République Francaise, François Hollande, a instauré d'importantes hausses de taxes. Entre autres, il veut taxer tous ceux qui gagnent plus d'un million d'euros par an à la hauteur de 75%. Par conséquent, un individu gagnant 10M d'euros devra envoyer environ 7M d'euros au gouvernement français.
Or, au Royaume-Uni, le taux d'impôt marginal sera abaissé de 50% à 45% en 2013. Le premier ministre, David Cameron, invite les Français prospères à s'installer dans son pays. Un article rédigé en français (cliquer ici pour le lire) le cite, disant que les impôts qui seront payés au Royaume-Uni par les entreprises et les riches individus français serviront à financer les services publics et les écoles.
Un taux d'impôts marginal de 45%, contre 75%, permet de sauver 30%. Une personne gagnant 10M d'euros épargnerait entre 2,5 et 3M d'euros par an. Par conséquent, on constate l'important incitatif à déménager. Dans certains pays, on arrive à dissimuler des revenus, ce qui contribue à abaisser la facture d'impôts. Dans ce cas, l'incitatif pour partir s'en trouve diminué. Toutefois, on peut facilement imaginer tous les problèmes que cette absence de transparence engendre : corruption, manque à gagner par l'état, marché noir, etc. Un gouvernement doit donc tenter de faire respecter les lois et d'éviter qu'elles soient contournées, ce que la Grèce n'a jamais su faire.
Lorsqu'il y parvient cependant, on encourage la fuite si les impôts sont trop élevés. En Italie, le gouvernement a décidé de s'attaquer à l'évasion fiscale. Pour ce faire, des policiers ont commencé à vérifier les yachts autour des quais. Depuis le mois de mars, on rapporte qu'environ 30 000 yachts ont disparu des quais italiens, qui se retrouvent maintenant dans d'autres ports de la Méditerranée. On estime que quelque 300M d'euros ont été perdus en revenus. Certains propriétaires de ces luxueux yachts déclaraient des revenus inférieurs à 30 000 euros par an. La tactique du gouvernement italien pour dépister les fraudeurs fonctionnent. Le problème réside plutôt dans le système fiscal du pays. Si tant de riches persistaient à y rester, c'est simplement parce qu'ils avaient la possibilité de contourner le système. S'ils craignent d'être pincés, ils fuient vers des pays moins gourmands en impôts (ou plus tolérants envers les fraudeurs fiscaux!). En Italie, le taux marginal d'impôt de 43% ne surpasse pas celui de quelques autres pays. Toutefois, le climat se prête moins bien aux affaires. Il s'avère difficile de congédier des employés lorsqu'une restructuration d'entreprise s'impose. Faire respecter un contrat d'affaires peut également constituer un problème étant donnés les longs délais requis par la justice pour obtenir gain de cause.
Au Québec, le problème des impôts ne s'arrête pas au taux en soi, mais plutôt à l'alternative dont bénéficient les mieux nantis. S'ils peuvent facilement émigrer aux États-Unis ou dans l'ouest canadien pour bénéficier de meilleures conditions, nous perdrons d'importants revenus. Bien sûr, le coût de la vie peut être plus élevé ailleurs, mais pour une personne à revenu très élevé, ce coût ne pèse pas lourd dans la balance. Plus un revenu est élevé, plus l'incitatif pour chercher à payer moins d'impôts sera grand. Comme nous formons déjà l'état le plus taxé en Amérique du Nord, nous ne voyons pas d'un bon oeil tout alourdissement du fardeau fiscal.