Vous rêvez d'acquérir une voiture de luxe à 60 000$? Vous vous demandez s'il serait raisonnable pour vous d'acheter une grande propriété? Certes, par le biais de l'emprunt et du crédit, il s'avère assez aisé de se qualifier pour obtenir à peu près tout ce que l'on veut. Toutefois, comment savoir si vous pouvez considérer que vous avez les moyens financiers pour réaliser votre désir?
La plupart des gens adoptent un budget en fonction de leurs revenus. Ainsi, une famille qui bénéficie de deux salaires de 100 000$ épousera probablement un style de vie reflétant l'aisance financière. Le problème réside dans l'expectative systématique d'un revenu et d'une santé constants dans le temps. Autrement dit, le budget familial suit l'évolution des salaires, et rend le ménage totalement dépendant de celui-ci, peu importe les revenus engendrés. Or, une simple perte d'emploi menacera les finances du foyer, à court et à moyen terme.
Nous avons été témoins il y a bien des années du cas extrême d'un représentant d'une compagnie manufacturière qui était rémunéré à la commission. Suite à une vente d'envergure à un important client, il s'attendait à percevoir un généreux montant. Il se hâta donc d'acquérir une voiture dispendieuse, en guise de récompense personnelle pour le bon travail accompli.
Une vente qui n'aboutit pas comme prévu
Or, les gros contrats comportent souvent un inconvénient majeur : ils suscitent parfois des remises en question de la part du client. C'est exactement ce qui survint dans cas-ci. La vente fut annulée, malgré les efforts du représentant pour la conserver. Malheureusement, l'acquisition de la voiture de luxe, qui se fit de toute évidence à l'aide d'un emprunt temporaire, ne put quant à elle être annulée aussi facilement. L'histoire se termina mal : le représentant dut faire faillite!
Que nous révèle ce cas? Tout d'abord, pour en arriver à une fin aussi désastreuse, la situation financière de ce représentant devait être peu reluisante avant même l'acquisition de la voiture du luxe. Il aurait mieux valu pour lui d'attendre patiemment le versement de la commission, et procéder au remboursement de ses dettes, personnelles ou hypothécaires.
Deuxièmement, il ne fait nul doute qu'il ne détenait pas d'argent économisé, que ce soit pour prévoir un coup dur ou tout simplement pour la retraite. Par conséquent, même si la vente n'avait pas été annulée, ce représentant ne disposait pas des moyens financiers pour effectuer son achat. N'ayant pas un sou de côté pour subvenir à ses besoins en cas de perte d'emploi, il aurait été impératif qu'il adopte un plan d'épargne.
Par conséquent, si vous vous posez parfois la question à savoir si vous pouvez vous permettre une dépense discrétionnaire (non essentielle à la survie du ménage), regardez du côté de votre valeur nette plutôt que de vos revenus. Par exemple, un courtier en immobilier gagnant 500 000$ par an et dont les actifs nets s'élèvent à 300 000$ devrait éviter le piège d'établir ses dépenses en fonction de ses revenus. En cas d'invalidité ou d'un très important ralentissement dans son domaine, il ne disposerait pas d'avoirs suffisants pour continuer le même train de vie pour une seule année.
Les deux avantages de l'épargne
Le grand avantage de l'épargne ne provient pas seulement de l'argent mis de côté qui s'accumule : il force l'épargnant à adopter un style de vie bien inférieur à ses moyens. Ainsi, si le courtier de l'exemple précédent s'habitue à un revenu avant impôts de 150 000$ plutôt que de 500 000$, moins d'argent sera nécessaire pour assurer son train de vie en cas de problèmes. Par la même occasion, en épargnant la différence, il atteindra assez rapidement le montant nécessaire pour remplacer son salaire s'il y est contraint ou s'il le souhaite.
Pour savoir si vous avez les moyens d'acheter une grande propriété, assurez-vous que la taille de celle-ci ne vous empêche pas d'accumuler des actifs financiers générant des revenus, comme un portefeuille en Bourse. Surtout, ne pas se fier sur la plus-value de l'immobilier à long terme, tout particulièrement pour les prochaines années!
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com