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Combien valent les entreprises que vous dénichez à la bourse? Possédez-vous une formule précise? Voilà une question qui peut engendrer bien des réponses. Si tout le monde s'entendait sur une méthode d'évaluation, la bourse ne fluctuerait pas autant qu'elle le fait tous les jours!
Nous retenons deux méthodes distinctes, applicables selon les situations. La première consiste à appliquer un multiple aux profits. Par cette méthode, on sous-entend que les profits sont récurrents, et de préférence, croissants. Son utilisation confère un grand avantage. Elle permet d'évaluer les actifs intangibles, puisque le calcul repose sur les flux de trésorerie sur plusieurs années. Apple constitue un titre qui se prête bien à cette méthode. Lors de sa dernière année fiscale complétée, Apple a enregistré un profit de 14G$. Si nous prévoyons une croissance de 50% des profits, on obtient 21G$. À ce montant, nous appliquons un multiple qui tient compte de la croissance des bénéfices ainsi que des risques inhérents à la société. Ce multiple est sujet à beaucoup de subjectivité. Comme nous ne connaissons pas avec précision quelle sera la croissance future des profits, nous devons user de notre jugement.
Nous pensons qu'un ratio cours-bénéfices de 15 reflète une certaine prudence, alors qu'un ratio de 20 ou 25 verse dans l'optimisme. La valeur marchande actuelle d'Apple est de 320G$. Si les profits de 21G$ se matérialisent, le ratio final sera de 15. Nous recommandons aux investisseurs d'utiliser souvent la valeur totale des entreprises, plutôt que les valeurs par action (21G$ au lieu d'environ 23$ par action). Cette habitude nous amène à nous familiariser avec les ordres de grandeur. Une société de 320G$ évoluera dans un contexte différent qu'une petite société de seulement 50M$.
En ce qui concerne la méthode des ratios cours-bénéfices, beaucoup d'investisseurs retranchent l'encaisse nette. Dans le cas d'Apple, cette encaisse s'élève à près de 60G$, ce qui résulte en un ratio ajusté de 12. Cependant, si les dirigeants n'ont jamais l'intention de procéder à une acquisition majeure ou à une distribution (dividendes ou rachat d'actions), cette encaisse exerce moins d'influence sur l'évaluation. Il suffit de penser aux entreprises qui se transigent à un prix inférieur à leur encaisse. il serait hasardeux de penser que le titre d'une telle entreprise se transige nécessairement à un ratio cours-bénéfice nul ou négatif.
La deuxième méthode d'évaluation consiste à analyser la valeur du bilan. Nous devons donc regarder la fameuse valeur au livre. Dans le cas d'Apple, les 54G$ de valeur nette ne nous procurent point une valeur de référence utile. La force d'Apple réside dans sa capacité à générer des profits. Certes l'encaisse n'est pas à négliger, mais elle n'est pas suffisante pour justifier la valeur boursière de 320G$.
La situation est fort différente avec Kansas City Life Insurance (pour plus d'informations). La valeur au livre nette de 679M$ se compare avantageusement par rapport à la valeur boursière de 365M$. Même en procédant à un ajustement pour les coûts d'acquisitions, nous aboutissons avec une valeur de liquidation potentiellement intéressante. Cela s'explique par la nature même de l'industrie de l'assurance, dont les bilans regorgent d'investissements habituellement liquides comme les obligations. Si la direction le souhaitait, elle pourrait peut-être liquider la majeure partie de sa société en vendant chaque actif à leur juste valeur. L'argent ainsi récolté pourrait être largement supérieur au prix en bourse actuel.
La capacité à générer des profits de Kansas City Life n'impressionnera personne. Son rendement sur l'avoir est faible. Il est donc tout naturel de voir cette société se transiger à un prix inférieur à sa valeur de liquidation. Cependant, s'il était possible pour un individu de s'emparer de la société afin de changer sa vocation, on pourrait en tirer un profit intéressant. C'est tout le contraire avec Apple. Si on liquidait les actifs de la société un à un, on perdrait l'essence même de cette société, qui consiste à faire valoir sa marque et à constamment innover dans la création de nouveaux produits. Les profits importent donc davantage que les actifs.
On utilisera souvent la 2e méthode d'évaluation pour les banques, les compagnies d'assurance ainsi que pour l'immobilier. Cependant, si une société rentabilise son capital mieux que la concurrence et qu'elle arrive à faire croître ses profits significativement, le ratio cours-bénéfice deviendra plus pertinent. Wells Fargo constitue un bon exemple.