BLOGUE - Il y a quelques temps, nous avons rencontré un conseiller financier qui effectuait de la gestion de portefeuille auprès de ses clients. Sa stratégie consistait à tenter de reproduire les rendements des indices boursiers en réduisant toutefois la volatilité. Pour y arriver, il avait recours à certains outils financiers. Ainsi, en période de fortes hausses boursières, il sous-performait par rapport aux indices. Dans les périodes baissières cependant, ses portefeuilles perdaient moins d'argent. Par conséquent, sa valeur ajoutée provenait principalement de la réduction de la volatilité.
À l'instar des traditionnels cours de finances prodigués dans nos universités, il considérait la volatilité comme étant un risque important à éliminer. Donc, un portefeuille affichant un faible écart-type procurera des rendements moins ''risqués''. Rappelons-nous que l'écart-type correspond à un ratio qui mesure l'ampleur des mouvements autour d'une moyenne. Ainsi, un portefeuille dégageant des rendements de 15, -8 et 23% respectivement sur 3 ans, sera réputé beaucoup plus risqué qu'un placement procurant 9% composé chaque année. Le résultat est le même, mais le chemin pour y arriver a été beaucoup plus tortueux dans le premier exemple.
''Ce n'est pas avec la bourse que l'on devient riche'' avait-il déclaré. Par cette affirmation, il suggérait qu'une personne souhaitant obtenir davantage de rendements que les marchés devait assumer des risques importants. Il faisait miroiter que faire preuve d'audace en bourse ne paie point. Tôt ou tard, la réalité finit par rattraper les aventureux qui s'exposent à de lourdes pertes financières. Imaginez seulement un instant lorsque nous l'entretenons sur les vertus de la concentration en portefeuille! Nous passons carrément pour des cowboys financiers qui finiront par se brûler!
Son discours paraît empreint de sagesse. Immédiatement, en affirmant que l'on ne devient pas riche avec la bourse, il disperse le message à l'effet qu'il est conservateur, patient et raisonnable. Ce genre d'attitude semble susciter beaucoup de confiance chez les gens qui l'écoutent.
Ironiquement, nous voyons davantage de risques dans ce type de gestion que dans la nôtre. Investir dans un portefeuille qui ressemble plus ou moins aux indices boursiers signifie que l'on détient des petites quantités d'un grand nombre de titres dont certains sont sous-évalués, mais d'autres, surévalués. S'il existait un indice qui ne comprenait que les titres sous-évalués en tout temps, nous pourrions acquiescer au fait que sa diversification procure une bonne marge de sécurité.
À notre avis, l'affirmation à l'effet que la bourse ne rend pas riche suggère une certaine ignorance et un manque de compréhension relié à la personnalité et au caractère. Nous pensons que l'investissement valeur s'assimile en peu de temps, à défaut de quoi il ne sera jamais compris. Autrement dit, si en étudiant ceux qui ont réussi on ne devient pas convaincu rapidement, on n'épousera jamais cette philosophie.
Il n'est point nécessaire de compléter de longues études universitaires pour adhérer au principe d'acheter 1$ d'actif pour 0,50$. Lorsque l'on réalise les avantages générés par ce type d'achat, on en vient vite à la conclusion que le risque est considérablement diminué. Dans un tel contexte, la grande diversification devient futile.
Warren Buffett a jadis déclaré : ''La diversification ne fait pas de sens si l'on sait ce que l'on fait.'' Il s'est même risqué à prodiguer un conseil qui contredit ce que bien des gens du milieu académique affirment : ''Investissez vos oeufs dans le même panier, mais surveillez bien ce panier!''
On serait peut-être tenté de conclure que la chance explique le succès de ceux qui ont su battre les marchés sur une longue période de temps. Toutefois, un fil commun relie la plupart de ces investisseurs : ils adhèrent à la philosophie de l'investissement ''valeur''. Un texte de Warren Buffett expose brillamment l'hypothèse de la chance à ce sujet. Il s'agit de l'écrit produit en 1984, ''The Superinvestors of Graham-and-Doddsville'', que l'on peut lire en français dans le site du Café de la Bourse ''Les super-investisseurs de Graham-and-Doddsville''.
En conclusion, affirmer que l'on ne devient pas riche avec la bourse équivaut à nier l'existence des performances des nombreuses personnes qui y sont parvenues.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com