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Nous avons jeté un coup d'oeil au budget québécois. Comme nous avons une population vieillissante, qui requiert constamment davantage de soins de santé, nous nous sommes questionnés sur la possibilité un jour de voir le budget être rééquilibré. Ce lien (cliquer ici) permet d'accéder au document ventilant les plus importantes dépenses du gouvernement. Ces chiffres proviennent de la section de l'Espace informationnel du site de Santé et Services Sociaux du Québec. Nous avons reproduit ici les données qui nous intéressent :
Budget de dépenses par mission du gouvernement québécois, en 2012-2013 (en milliers) :
Mission Santé et Services sociaux : 30 120 800$ (42,3%)
Mission Soutien aux personnes et aux familles : 6 033 500$ (8,5%)
Mission Éducation et culture : 16 928 500$ (23,8%)
Mission Économie et Environnement : 5 669 300$ (8,0%)
Mission Gouverne et Justice : 4 265 000$ (6,0%)
Mission Paiement de la dette : 8 237 000$ (11,6%)
Grand Total : 71 254 100$ (100%)
Le gouvernement a récemment annoncé que l'équilibre budgétaire ne sera pas atteint à très court terme. Or, nous ne prévoyons pas d'augmentations des revenus de l'état, puisque nous estimons que le Québec pourrait connaître des années difficiles prochainement. Nous partons donc avec l'idée que nous ne détenons pas de marge de manoeuvre, et que toute hausse des coûts se traduit par l'agrandissement du déficit.
En tenant compte du vieillissement de la population, les soins de santé pourraient aisément grimper de 5% par an. D'ici 5 ans, ces coûts ajouteraient 8G$ au déficit. Quant aux autres postes de dépenses, ils gonfleront assurément. Avec toutes les pressions sociales pour obtenir l'éducation gratuite et davantages de places en garderie, pour ne nommer que deux exemples, difficile d'entrevoir une diminution des dépenses à long terme.
Un certain poste de dépenses nous inquiète encore plus. Il s'agit du service de la dette. Le coût actuel s'élève à 8G$. Ces débours sont de nature récurrente, et ils n'améliorent en rien notre qualité de vie. Une bonne partie des intérêts relèvent simplement des dettes créées par les déficits passés.
Heureusement en ce moment, les taux d'intérêts sont favorables à l'endettement. On peut constater à quel point en observant les obligations qui ont été émises il y a longtemps. Par exemple, une série d'obligations datant de 1993 et échéant en janvier 2023 comprennent des coupons d'intérêts de 9,375%. Comme elles se sont appréciées pour tenir compte de la baisse des taux, le rendement actuel n'est que de 3,7% pour ceux qui les achètent sur le marché d'aujourd'hui. Donc, au fur et à mesure que certaines obligations venaient à échéance, le gouvernement a pu se refinancer à des taux plus faibles. Quant à la nouvelle dette, elle est également émise aux taux actuels.
Tout ceci pourrait basculer si les agences de notation devenaient nerveuses au sujet de nos finances. Autrement dit, même en l'absence d'une augmentation des taux d'intérêt de la part de la Banque du Canada, les taux demandés par les investisseurs seraient nettement plus élevés si notre province était affectée par une série de décotes. Imaginons un instant si le service de la dette en venait à atteindre le double de ce qu'il est présentement. Pourrions-nous faire face à des dépenses supplémentaires de 8G$?Heureusement, ce genre de hausse ne surviendrait que très progressivement, alors que la dette serait renouvelée petit à petit à des taux très supérieurs au fur à mesure que les échéances de remboursement arrivent.
En Grèce, pendant longtemps, les taux obligataires affichaient des valeurs bien normales. Le taux pour une échéance de 10 ans se situait à environ 5% avant la crise, pour atteindre un impressionnant 48,6% en mars 2012. Ce dernier s'est stabilisé à 10%, grâce aux différentes interventions des autorités européennes.
Le Québec n'est pas la Grèce, mais à long terme, nous peinons à imaginer un retour à l'équilibre budgétaire, dans un contexte d'important endettement des ménages et de prix immobiliers élevés. Si nous accusons constamment des déficits, la dette poursuivra son ascension. Elle finira par inquiéter les agences de notation qui forceront une augmentation des taux, causant ainsi un cercle vicieux.
Nous serions tentés d'être alarmistes au sujet du Québec, surtout lorsque nous considérons le problème de la devise qui nous empêche de tirer profit de la dévaluation de la dette (notre dette est libellée en dollars canadiens). Toutefois, nous nous gardons de crier à la catastrophe, puisqu'il peut s'écouler bien des années avant qu'une telle chose se produise.
En conclusion, nous demeurons sûrs d'un fait : enrayer le déficit sur plusieurs années constituera un vrai casse-tête!
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com