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On entend de plus en plus parler de la Grèce ainsi que de l'effet d'une faillite sur l'économie européenne. La dette de ce pays s'élève à environ 270G d'euros. Quand on compare ce maigre petit montant à côté de la gigantesque dette américaine de 14 billions de dollars, on se console. Toutefois, environ 100G d'euros de la dette grecque est détenue par des banques européennes. C'est une proportion de 37%. Quant à l'Europe dans son ensemble (dette européenne vs banques européennes), c'est environ 30%. Aux États-Unis, cette même statistique a de quoi surprendre : seulement 3%.
Cet article tiré du site CNBC (en anglais) explique très bien comment l'Europe en est arrivée là ainsi que les conséquences désastreuses d'une possible restructuration de la dette grecque. Selon l'auteur M. Carney, ce serait pire que la banqueroute de Lehman Brothers! Exagère-t-il? Il s'avère fort difficile de se prononcer. Pendant longtemps, les dettes gouvernementales des pays d'Europe ont été considérées comme étant sans risque. Les autorités encourageaient les institutions à entretenir ce mythe par différentes mesures, notamment en exigeant peu de réserves en capital pour se prémunir contre d'éventuelles pertes. Il y a à peine un an, l'écart de taux d'intérêts entre les obligations grecques et allemandes s'élevait à 20 points de base (0,2%). Récemment, nous avons lu que les taux obligataires de 10 ans avaient atteint 17%! Il en résulte donc un écart de près de 1400 points de base (14%). De toute évidence, les institutions qui achetaient la dette hellénique l'an passé se souciaient peu du niveau d'endettement du pays.
Voici en quoi la crise européenne pourrait s'avérer pire que celle causée par l'effondrement de Lehman Brothers. Comme nous le savons déjà, les gouvernements n'hésitent pas à venir à la rescousse des banques afin d'éviter une catastrophe économique. Afin d'aider ces banques en 2008, ils ont dû emprunter de l'argent. Comble de l'ironie : une partie de ces nouvelles dettes ont été financées par des banques européennes. Autrement dit, ce n'est pas tant le ''niveau'' de dette qui importe, mais plutôt ''qui'' détient cette dette! La faillite d'un pays peut entraîner l'effondrement de plusieurs banques, qui à leur tour devront quémander de l'argent aux gouvernements déjà en défaut. Un cercle vicieux pourrait être créé.
M. Carney termine son article sur une note intéressante, de notre point de vue. Il souligne que la crise européenne n'est pas causée par les spéculateurs et le système capitaliste. Il pointe plutôt du doigt les gouvernements et les instituts de réglementation. En effet, les gouvernements ont emprunté à outrance, et les autorités ont encouragé les banques à prêter à ces mêmes gouvernements!