BLOGUE. En l'espace de quelques jours, le titre de Bombardier a dégringolé suite à l'annonce de perspectives jugées décevantes par l'ensemble des investisseurs. Nous savons par expérience que ce titre figure dans bien des portefeuilles québécois, tout comme un certain nombre de titres bien connus au Québec. Parmi les gens qui ne le possédaient pas, certains se questionnent probablement sur la possibilité de l’acheter suite à la plonge qu’il a subie. Quant à ceux qui le détenaient, ils doivent se demander s’ils devraient en racheter.
Ces questionnements s'avèrent légitimes. Toutefois, il semble que les investisseurs concentrent constamment leurs énergies à évaluer les mêmes titres! On puise dans le maigre bassin de titres auxquels les médias font régulièrement référence, et on se pose souvent les mêmes questions. Devrais-je posséder ce titre, ou devrais-je m'abstenir de le posséder? Est-ce le bon temps pour l'acquérir? Vais-je manquer un gain potentiel intéressant si je l'évite?
Lisez les Titres à surveiller du 7 mars, qui propose une analyse intéressante de Bombardier.
Nous nous retrouvons donc avec des milliers d'investisseurs qui contemplent les mêmes titres et qui pensent, ou du moins, espèrent tous qu'ils pourront mieux sélectionner que les autres le bon moment pour acheter ou vendre. À long terme, l'enrichissement collectif de ces investisseurs correspondra à la valeur totale créée par la société. Certains gagneront davantage, d'autres perdront. Pourquoi les gens se concentrent-ils sur les mêmes titres?
Nous pensons qu'à défaut de faire leurs propres recherches de titres, ou d'avoir accès à un gestionnaire qui les effectuent pour eux, les investisseurs puisent leurs idées dans les médias, leur entourage et leur conseiller s'ils en ont un. Par conséquent, tout le monde se retrouve avec des portefeuilles similaires.
En ce qui nous concerne, cette société ne rencontre pas nos critères exigés par rapport à son bilan. Tout d'abord, d'importants actifs intangibles grèvent le bilan. Si nous retranchions l'achalandage et les impôts reportés seulement, nous nous retrouverions avec une équité négative. Cela dénote la possibilité que les actifs soient nettement sous-évalués ou alors la présence d'un effet de levier important par le biais de différents passifs. Quant à la situation de la dette, cette dernière s'élève à un montant net d'environ 1,5G$. Il ne s'agit pas d'un problème en soi, mais nous avons l'habitude de préférer les sociétés qui regorgent de liquidités. Or, lorsque nous nous retrouvons plutôt avec une certaine dette, nous nous attendons à être compensés par un rendement supérieur sur l'actif. En jetant un coup d'oeil sur les 10 dernières années, nous constatons rapidement que nous n'obtenons point un rendement plus élevé en contrepartie. Et si nous gonflons la valeur des actifs en pensant qu'ils sont sous-évalués, ce rendement s'en retrouverait diminué.
À notre avis, le faible rendement de l'actif ne reflète pas une mauvaise gestion de la part de la direction, mais plutôt le fait que la société oeuvre dans un domaine difficile. Dans un tel contexte, un investisseur doit se poser la question à savoir s'il désire acheter un tel titre parce qu'il offre des caractéristiques nettement plus intéressantes que tout autre titre disponible au Canada ou en Amérique du Nord. Ou ne le considère-t-il pas plutôt parce qu'il en entend parler régulièrement et que son bassin d'idées de titres s'avère très restreint? Pour justifier ce choix en particulier, il faudrait que l'épargnant ait analysé des centaines de titres, et qu'il en arrive à la conclusion que celui-ci figure parmi ses meilleurs choix. Dans ce cas, il s'agirait d'une sélection éclairée et logique.
Pour revenir au titre de Bombardier, son effondrement récent a amélioré les possibilités de gains. Les perspectives annoncées par la direction ont certes déçu les actionnaires, mais le prix actuel semble refléter cette déception. Par conséquent, tout revirement pourrait se traduire par un profit très intéressant.
La question qu'un investisseur devrait se poser consiste à déterminer si le choix de cette société pour son portefeuille repose sur l'aboutissement d'une recherche approfondie, en comparaison avec une multitude d'autres titres. Dans la négative, on doit admettre la nécessité d'élargir son bassin de titres. Si le temps manque pour effectuer ce travail, alors il est préférable de tout simplement acheter des indices boursiers.