La société Best Buy (BBY-N) annonça ses résultats il y a deux jours, et comme les profits ont reculé par rapport à l'an passé, certains commentateurs n'y sont pas allés de main morte pour le crier sur les toits. L'analyste Philip van Doorn publia un article que l'on pourrait traduire en français ''Pour Best Buy, c'est le début de la fin'' (cliquer ici). Le titre a de quoi faire sourciller les lecteurs. On pourrait croire que la société se retrouve dans le même marasme financier que RadioShack (RSH-N). Notons que cette dernière enregistre de lourdes pertes et croule sous les dettes.
Or, sans vouloir minimiser le fait que les bénéfices ont connu une baisse au dernier trimestre, nous devons garder à l'esprit que la direction s'attendait, et s'attend encore, à ce que les résultats de détériorent avant de s'améliorer. Un plan de restructuration exige un certain temps à se réaliser. Nous devons également tenir compte du contexte dans lequel la société a évolué ces trois derniers mois. Durant cette période, le Groupe NPD, qui suit la progression du secteur de l'électronique du côté du consommateur, a rapporté une chute des ventes de 2,5% contre 2,0% pour Best Buy. Cette catégorie comprend des biens représentant 65% de ses ventes domestiques, ce qui permet d'effectuer une comparaison assez fiable pour déterminer si la société affrontait un vent de face.
Une privatisation de la société serait-elle mauvaise pour les actionnaires?
L'auteur de l'article prévient ses lecteurs que Best Buy pourrait être victime d'une privatisation, où un ou des activistes d'envergure prendraient une importante position dans son titre afin de tenter d'acheter l'entreprise en entier. Nous doutons fortement d'une telle possibilité, mais advenant le cas, nous voyons difficilement en quoi ce serait la fin de la société! Qu'elle soit privée ou publique, une entreprise continue ses opérations. Ce fut le cas notamment de Burger King, qui devint public en 2006, pour ensuite être privatisée en 2010, et aboutir à nouveau en tant qu'entité publique en 2012. Pour le consommateur, le célèbre Whopper a toujours été disponible.
En ce qui concerne les actionnaires, tout dépend du prix payé pour les actions et des attentes faces aux gains futurs. Si vous avez acheté le titre dans les 40$, et qu'on vous force à le vendre à 38$, vous pourriez peut-être grincer des dents. Toutefois, le titre s'est effondré jusqu'à 23$ cette année. L'investisseur qui affichait une certaine confiance envers la stratégie établie par le chef de la direction Hubert Joly jouissait de l'opportunité d'ajouter à sa position à un bien meilleur prix. Si la société était acquise à forte prime, comme c'est souvent le cas dans ce genre de situation, nous imaginons mal en tant qu'actionnaires comment cela nous rendrait malheureux.
Bref, la baisse des ventes comparables expérimentée par la société s'avérait prévisible. Le plan de restructuration suit son cours, comprenant entre autres une importante réduction des coûts, appelée ''Renew Blue'' par l'entreprise. La direction prévoit la continuation de la baisse des ventes comparables pour le reste de l'année, et elle a même tenté de calmer l'enthousiasme de ceux qui s'attendent à un gros impact provenant de la vente de téléphones intelligents et de téléviseurs 4K. Le nouveau Iphone 6 d'Apple fera son entrée sur le marché cet automne, ce qui devrait mousser les ventes. M. Joly a prévenu les actionnaires de nas pas entretenir d'attentes élevées à ce sujet.
Des dirigeants réalistes et prudents
Pour notre part, nous voyons d'un très bon oeil le réalisme et l'attitude conservatrice de la direction. La société n'est pas sur la voie de la disparition : elle subit simplement une transformation. Les lecteurs qui lisent rapidement les titres pourraient facilement penser que le bateau coule chez Best Buy. Voilà plutôt un point de départ pour effectuer des recherches. Toute publicité négative influence à la baisse les titres à la Bourse. En tant qu'investisseurs, vous avez tout intérêt à porter attention aux titres mal-aimés.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com