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C'est le temps des vacances, et comme à chaque année, nombreux sont les pêcheurs qui s'adonnent à leur sport favori. Selon les statistiques, il y aurait quelque 800 000 adeptes de la pêche au Québec. Toutefois, même si cette activité requiert beaucoup de patience, elle s'avère nettement plus pratiquée que la recherche de titres boursiers. Nous avons à quelques reprises discuté de la nécessité de filtrer des titres afin de trouver les idées d'investissement nécessaires à l'obtention de bons rendements dans son portefeuille. Nous allons ici tenter de donner un aperçu de ce que comprend cette activité.
Tout d'abord, tout comme un pêcheur qui souhaite attraper du poisson, on doit se munir de bons outils, à commencer par un site qui procurera une liste de titres à décortiquer. Heureusement pour le chercheur de titres, ceux-ci se trouvent facilement sur le net, et ils sont disponibles gratuitement.
Les deux sites qui suivent constituent deux exemples d'outils de filtrage qui permettent de lister tous les titres existants en Amérique du Nord ou presque, selon des critères bien précis.
Le filtrage le plus efficace consisterait à regarder chaque titre de toutes les bourses un à un, afin de s'assurer de ne pas en oublier. Toutefois, nous sommes limités par le temps. On peut donc cibler un groupe de titres selon un ou plusieurs critères. On doit néanmoins éviter de tomber dans le piège de chercher systématiquement des aubaines directement avec un filtre. Par exemple, on pourrait exiger d'afficher uniquement les titres qui se transigent à moins de 8 fois les profits. Or, il arrivera fréquemment qu'une perte non récurrente abaissera les profits d'une société temporairement, gonflant soudainement le ratio cours / bénéfices. Ainsi, ce titre serait éliminé de la liste. Si beaucoup d'investisseurs commettent ce genre d'erreur, il devient encore plus intéressant pour le chercheur perspicace de découvrir les titres qui pourraient être négligés par les filtres trop restreints.
Un autre exemple découlant des désavantages d'un filtre trop pointu réside dans la classification des titres. En 2007, nous avions un titre un qui s'appelait ''Pyxis Capital''. Le filtre que nous utilisions à l'époque avait mal classé cette société, en la plaçant dans le secteur pétrolier. Or, Pyxis Capital investissait simplement dans d'autres titres boursiers, dont la majorité ne se retrouvait même pas dans le secteur pétrolier. Par conséquent, si nous avions restreint notre recherche dans le but d'éviter ce secteur que nous aimons peu, nous n'aurions pas déniché ce titre, qui a été responsable de la majeure partie de nos profits de 2007!
Revenons aux outils à utiliser. Il s'agit de tous les sites financiers susceptibles de nous fournir de l'information rapidement. Le site de la SEC (US Securities and Exchange Commission) nous fournit les états financiers des titres américains, alors que le site SEDAR, ceux des titres canadiens. La section financière de Yahoo ainsi que le site Morningstar offrent des données sur plusieurs années, et nous permettent de qualifier rapidement un titre.
Voici maintenant une façon efficace qui peut être utilisée pour filtrer rapidement des dizaines de titres. Vous pouvez choisir une évaluation boursière précise. Par exemple, on peut faire afficher tous les titres dont la valeur boursière se situe entre 100M$ et 110M$. Pourquoi 110M$? Simplement pour donner un jeu de 10%, afin d'obtenir un nombre raisonnable de titres. Vous obtiendrez ainsi des titres de tous les secteurs, mais pour lesquels vous connaissez déjà la valeur approximative en bourse.
Ainsi, pour chaque titre, on peut observer le bilan et l'état des résultats, afin de savoir ce que nous obtenons en échange d'environ 100M$. Si la société en question n'a dégagé que 4M$ de profits sur un an, et que cette année représente bien le genre de profits que la société devrait engendrer à long terme, vous pourrez en déduire que le titre est probablement trop cher.
Si les profits sont plus élevés, mais que le bilan affiche une dette nette de 50M$, la société fait peut-être face à trop d'obligations financières. Le bilan s'avère un élément crucial! On devrait éviter le plus possible les sociétés endettées.
Seulement avec ces deux grands critères (évaluation élevée et qualité du bilan), nous éliminons un très grand nombre de sociétés. Dans bien des cas, il ne faut que quelques secondes pour disqualifier un titre. Et si l'on veut être en mesure de filtrer des centaines de titres, on doit éviter de perdre trop de temps avec ceux qui ne présentent aucune chance de faire partie de notre portefeuille.
Sur une centaine de titres, vous en trouverez peut-être seulement quelques-uns qui pourraient vous intéresser. Plus le titre semble avoir tout ce qu'il faut (beau bilan, belle progression des profits, faible évaluation, actionnariat important chez la direction, etc.), plus vous devrez consacrer du temps à vous assurer qu'il s'agit bien d'une perle rare. Parfois, il vous faudra quelques heures de recherches avant de réaliser pourquoi le titre semblait être une aubaine . Dans d'autres cas, vous aimerez encore le titre, mais vous décèlerez certains éléments qui tempèreront votre enthousiasme et vous feront penser : ''ce titre me semble bien attrayant, mais le modèle d'affaires possède quelques lacunes''.
Même si vous dépensez beaucoup de temps à analyser un titre qui n'aboutit pas dans votre portefeuille, votre temps ne sera jamais perdu. Toutes les informations acquises durant la recherche vont servir à filtrer plus rapidement les autres titres lorsque vous continuerez la ''partie de pêche''. Par exemple, un assureur de propriétés basé en Floride nous apparaissait être une aubaine extraordinaire, jusqu'à ce que nous découvrions à quel point la santé financière de l'entreprise dépendait de la sévérité des ouragans dans cet état. Un peu plus tard, lorsque nous avons déniché une autre société présentant des risques similaires, nous n'avons pas poursuivi l'analyse. Nous savions déjà quelle allait être la conclusion de nos recherches.
Il se peut que vous ayez à scruter des centaines de titres, voire des milliers, avant de trouver la perle rare. Toutefois, il suffit de trouver de une à trois bonnes idées par année afin d'obtenir de bons rendements. C'est un peu comme à la pêche. La ligne reste parfois longtemps dans l'eau avant qu'un poisson morde. D'un autre côté, il n'est point nécessaire d'attraper un poisson à toutes les deux minutes pour se nourrir!