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Avez-vous fait de l'argent à la bourse américaine, ces 20 dernières années? Si c'est le cas, vous êtes la preuve vivante que le stratège en chef des investissements de GMO, Jeremy Grantham, se trompe. Cet article fait mention de sa déclaration qui, faut le dire, généralise grandement les performances des investisseurs. Les indices ont certes déçu bon nombre d'investisseurs. Toutefois, les performances ont-elles été si médiocres qu'on le prétend?
Jetons un coup d'oeil à l'indice S&P 500, celui que nous préférons pour évaluer le rendement boursier américain. En juillet 1992, soit exactement 20 ans plus tôt, il se situait à 420, contre 1355 aujourd'hui. Cela se traduit par une hausse annualisé de 6%. Si nous ajoutons les dividendes, nous obtenons probablement un rendement surpassant les 8%. Peut-on parler de rendements médiocres? Grantham va-t-il trop loin en affirmant que personne n'a fait d'argent sur 20 ans?
En sélectionnant soigneusement les pires moments pour investir, on arriverait à démontrer que la bourse constitue le pire endroit pour y mettre ses épargnes. Vers la fin de 1999, l'indice avait atteint environ 1500 points, pour ensuite s'effondrer de façon drastique jusqu'en 2002. Un scénario presque similaire s'est produit en 2007. On surpassa les 1500 points, et la chute fut encore plus prononcée, atteignant le fameux chiffre ''diabolique'' 666 durant la journée du 9 mars 2009.
Néanmoins, l'inverse s'avère tout à fait vrai. En investissant aux bons moments, on peut facilement dégager des rendements extraordinaires. Et si, comme nous, vous ne disposez point d'une boule de cristal efficace pour déceler les creux du marché, vous pouvez opter pour une sélection rigoureuse des titres. Même M. Grantham, dans une de ses lettres aux investisseurs, admet qu'agir ainsi permet d'obtenir de meilleurs rendements :
''Les gens devraient au moins savoir ce qu'ils font, et les risques qu'ils assument. Généralement parlant, dans ce domaine, les gens font plus d'argent à long terme en achetant des actifs pas chers et en les vendant lorsqu'ils deviennent dispendieux.''
Toutefois, M. Grantham semble s'intéresser davantage aux grandes catégories d'actifs, et émet des mises en garde. En avril 2011, il estimait que le rendement moyen des sociétés à petites capitalisation pour les 10 prochaines années serait nul si l'on tient compte d'un taux d'inflation de 2,5% par année.
Nous n'avons aucune idée à savoir si les petites capitalisations américaines performeront mieux ou moins bien que les grandes capitalisations. Nous nous intéressons encore moins à savoir si les titres internationaux dégageront de meilleurs rendements. Nous nous contentons de regarder chaque titre individuellement, et nous achetons ce qui nous plait, et laissons de côté ce que nous considérons risqué.
Et nous pouvons affirmer que le climat actuel favorise les bons rendements. Bien sûr, plusieurs experts estiment que la bourse est volatile et qu'il est difficile d'y réussir. Il s'agit probablement des mêmes experts qui affichaient un certain optimisme avant la crise. Dans le cas de M. Grantham, qui décrit la surévaluation des marchés en ce moment, les opinions diffèrent. Avant la crise, il prévoyait des temps difficiles. Au creux boursier du mois de mars 2009, il prédit une remontée des marchés. Ces deux prédictions brillent par leur justesse. Toutefois, en septembre 2009, voilà qu'il estimait que les marchés étaient surévalués de 25%. À l'époque, l'indice S&P 500 se situait autour de 1000 points, soit 350 points plus bas que maintenant.
En conclusion, tout investisseur doit rester objectif et critique face aux nombreuses prévisions des experts. Il doit particulièrement distinguer les généralisations des cas particuliers. Par exemple, nous avons souvent discuté des petites banques américaines. Nous en avons quelques-unes en portefeuille. Toutefois, durant nos recherches, nous trouvons dans ce secteur un grand nombre de titres médiocres. Certains présentent des prix alléchants, mais les banques qu'ils représentent comportent des risques importants. Il existe également beaucoup de banques très bien gérées et solides comme le roc, mais dont l'évaluation du titre n'offre pas un bon rendement potentiel à l'investisseur. Par conséquent, nous ne serions pas intéressés par un indice calquant le rendement des petites banques américaines. Pour nous, la sélection individuelle fait toute la différence. C'est pourquoi il s'avère impératif d'éviter de généraliser, et surtout, de ne pas se laisser influencer par les généralisations des experts.