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Nous avons eu l'opportunité de discuter avec quelques représentants d'une importante institution financière au Canada. Comme la plupart des autres institutions au pays, elle distribue certains produits permettant de profiter des hausses boursières, tout en offrant un rendement minimum à long terme garanti.
Lorsque nous observons les fonds disponibles pour ce type de produits, nous restons toujours perplexes : aucun fonds d'actions purement américaines! À l'opposé, de nombreux fonds d'actions et d'obligations canadiennes sont offerts. Nous ne pouvons donc nous empêcher de faire les constatations suivantes :
- - Beaucoup d'experts, analystes et gestionnaires de portefeuilles canadiens sont pessimistes à l'égard des États-Unis
- - Ces mêmes personnes admirent les performances du Canada durant la crise, et croient que le futur brille pour ce pays
- - Les entreprises et les fonds de matières premières sont considérés comme étant des investissements sécuritaires
- - Les obligations et les fonds d'obligations constituent de bons placements, car on est convaincu que les taux d'intérêts ne monteront pas de façon significative dans les prochaines années. Et surtout, cette catégorie d'actifs a si bien performé lors des 10 dernières années!
Pourtant, en 2006, les fonds américains étaient les bienvenus. Suite à une baisse d'environ 55% du S&P 500 à partir de son sommet (ou 15% avec la remontée depuis mars 2009), ces mêmes fonds sont boudés. Nous avons demandé à nos représentants les raisons de ce changement d'attitude face aux États-Unis, alors que les indices boursiers sont moins chers.
''Nous avons révisé notre gestion du risque.''
Ce fût la réponse obtenue. Ironiquement, ce changement d'attitude coïncide presque tout le temps avec le comportement passé d'une catégorie ou d'un type d'investissement. Vers la fin des années 90, on nous conseillait fortement les indices boursiers. Après l'éclatement de la bulle techno, un changement d'attitude s'est produit. On devait alors investir plus prudemment. C'est alors que les indices ont affiché des rendements surprenants. Le S&P 500 s'est apprécié d'environ 100% entre 2002 et 2007.
Lors de notre entretien, l'un des représentants nous vanta les mérites d'un fonds d'obligations canadien : ''Son rendement des 5 dernières années est spectaculaire!''. Pourtant, il y a 5 ans, ce fonds devait être beaucoup moins populaire! Et aujourd'hui, son rendement futur sera probablement affaibli par le bas niveau des taux, sans oublier que les obligations sont exposées au danger des hausses possibles de taux d'intérêts par la Banque du Canada!
Pourrait-on alors dire qu'en gros, la gestion du risque chez bien des experts, consiste uniquement à observer les quelques années passées? On établit une moyenne de rendement, et on trace un trait au crayon suivant la même tendance à partir du point d'aujourd'hui? Est-il possible que l'on confonde constamment le passé et le futur?
Nous nous permettons alors une petite prédiction. Nous sommes à peu près certains qu'elle se réalisera. Dans 50 ans, la majorité des experts, tout comme les investisseurs individuels, baseront encore leurs prévisions de rendements sur les quelques années passées. Et cela surviendra malgré les quelques 200 années d'histoire de la bourse nous démontrant qu'il s'agit d'une stratégie perdante!