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Si au hockey, les Canadiens sont nettement favoris pour gagner la finale de la Coupe Stanley, vous pourriez être tenté de parier sur eux lors des séries éliminatoires. Accepteriez-vous de miser sur le Canadien si en cas de victoire, vous empochez 100$, mais qu'en cas de défaite, vous perdez 11 500$?
Si vous gagnez, vous pourrez festoyer en pensant que vous avez eu raison. Cependant, vous aurez gagné bien peu d'argent. Qui plus est, chaque moment où vous aurez douté de la victoire de vos favoris, vous aurez peut-être paniqué à l'idée de la possibilité de perdre 11 500$. Est-ce que les 100$ gagnés en valaient la peine, même si le Canadien avait au moins 50 chance contre 1 de remporter la victoire?
C'est pourtant le genre de pari que Bill Gross semble avoir accepté. Tel que mentionné dans notre blogue précédent, il a reçu un paiement de 70,5M$ en échange d'un risque potentiel 115 fois plus élevé (8,1G$). Nous pensons que les risques de déflation sont nettement plus faibles que les risques d'inflation. La Fed américaine possède l'arme ultime : la planche à billet. Et nous connaissons bien son intention de ne pas laisser la déflation affliger le pays. M. Gross gagnera probablement son pari. Néanmoins, est-il prudent de miser sur un ratio de 115 pour 1?
Le titre de ce blogue correspond à la question que devrait se poser la plupart des investisseurs avant d'acheter un titre ou de procéder à toute transaction financière. Même en immobilier, la question s'avère pertinente, comme dans tout calcul impliquant un risque financier.
Warren Buffett en a fait ses deux premières règles d'or :
1) Ne pas perdre d'argent
2) Ne pas oublier la règle numéro 1.
La réponse à la question ''combien est-ce que je peux perdre'' pour Bill Gross, c'est 8,1G$. Il s'avère difficile de se prononcer sur le ratio de 115 pour 1, mais lorsque nous évaluons le pari opposé de Prem Watsa, la proposition nous semble nettement plus intéressante. M. Watsa est assuré de ne pas perdre un montant excédentaire à sa mise de fonds, soit les 174M$. S'il a raison sur son pari, il pourra empocher près de 52 fois ce montant.
Le commentaire de A.R. sur le blogue précédent cerne bien le problème entourant la question. Nous aussi, nous croyons davantage à un scénario inflationniste, mais nous préférons le pari de M. Watsa étant donné que le risque financier potentiel total est non seulement bien connu, mais aussi peu élevé. Quant à Bill Gross, son risque est ''théoriquement'' connu, mais la faible prime acceptée en échange de ce risque laisse croire qu'il mise surtout sur l'improbabilité d'un scénario de déflation. Par conséquent, à moins qu'il soit certain à 100% d'avoir raison, il ne peut qu'avoir une bien vague idée du risque qu'il assume.
P.S.: Bien sûr, le pari de M. Watsa constitue en fait une assurance pour son propre portefeuille d'investissements, chez Fairfax, dont la valeur s'élève à 22,5G$. Il serait totalement insensé pour un investisseur de miser toute sa fortune sur un tel pari, dans l'espoir de voir son portefeuille se multiplier par 52!