L’éditeur de jeux sociaux Zynga a lancé le 15 mars dernier sa propre devise virtuelle, le zCoins, que les joueurs en lignes pourront échanger contre des biens virtuels sur le site RewardVille. Les amateurs des jeux de Zynga, dont les plus populaires sont Mafia Wars et FarmVille, pourront ainsi accumuler cette devise dans l’ensemble des jeux commercialisés par l’entreprise. Pour l’instant, cependant, les zCoins s’échangent uniquement contre des biens virtuels qui permettront aux joueurs de progresser dans leurs jeux préférés.
S’il paraît pompeux de qualifier le zCoins de devise, il faut garder en tête que Zynga, aujourd’hui valorisé à 10 milliards de dollars, prévoit dégager en 2011 un énorme profit de 630 millions de dollars américains sur des revenus de 1,8 milliard. Si l’entreprise, qui n’est pas cotée en bourse, révèle ses performances financières en dollars américains, la part du lion de ses revenus ne sont pas engrangés en dollars américains, ni en yens ni en euros, mais en crédits Facebook. Mentionnons toutefois que les crédits Facebook sont pour l’instant comparables aux tickets acceptés par les manèges d’une fête foraine, puisque ces crédits sont vendus par Facebook et ne servent jusqu’à maintenant qu’à acheter des cadeaux virtuels, comme un petit gâteau de fête rose qu’on peut offrir à un ami Facebook ou une vache destinée à une ferme du jeu FarmVille.
Le lancement de RewardVille et des zCoins survient ainsi à peine quelques semaines après que Facebook ait annoncé que, sur son site, les éditeurs de jeux sociaux ne pourront plus accepter d’autres formes de paiement que les crédits Facebook à partir du 1er juillet prochain. Dans la mesure où les joueurs n’auront rien à débourser pour obtenir des zCoins, la nouvelle devise ne contreviendra pas à la nouvelle politique de Facebook. Cependant, l’importante du marché des biens virtuels sur Facebook laisse croire qu’une véritable devise privée pourrait y voir le jour.
Linden Lab, éditeur du monde virtuel Second Life, avait d’ailleurs réussi à donner vie à sa devise, le Linden dollar, dont la valeur en dollars américains est déterminée par l’offre et la demande. Le produit intérieur brut de Second Life, dont chacun des résidents est libre de concevoir des objets virtuels et des les vendre, ou de réaliser des investissements immobiliers, était évalué à 55 millions de dollars américains en 2009, mais le monde virtuel, qui déclare malgré tout que son économie est stable, est aujourd’hui réputé être à l’abandon. Compte tenu de son nombre de membres et des revenus qui y sont générés par la vente de biens virtuels, Facebook pourrait aujourd’hui créer une devise privée d’une force sans précédent avec tous les avantages que cela comporte… dont celui d’« imprimer » de l’argent. Zynga, quant à elle, pourrait aussi tenter l’aventure, en autant que l’éditeur de jeu réussisse à se guérir de sa dépendance au réseau social où elle prospère.