C’était triste à voir. Hier soir, à l’occasion de MTL NewTech, Hamed Al-Khabaz, pdg de Zilyo, a exposé la situation de sa start-up sans artifice. Zilyo, anciennement OutPost Travel, est passé au travers du financement initial de 200 000 $ (dont 50 000 $ en services), injecté dans la jeune start-up il y a 18 mois.
« C’est difficile, m’a confié Hamed Al-Khabaz. Chaque jour, je déprime, et me mets à penser, et dans une start-up, il est préférable d’agir que de penser. » Dans les faits, cela fait deux mois que Zilyo n’a plus d’argent, mais réussit à servir grâce à l’ingéniosité d’ Hamed Al-Khabaz, qui survit en louant un appartement sur Airbnb.
Concrètement, Zilyo permet de chercher parmi un inventaire de 2,5 millions de chambres et d’appartement à louer proposés sur des sites comme Airbnb et HomeAway. Malgré la qualité technique du produit, c’est désormais une question de jours avant que la start-up doive fermer les portes. Aussi, Hamed Al-Khabaz se disait hier soir à la recherche d’un partenaire rompu au marketing et à la recherche de financement. Toutefois, a-t-il prévenu, «le candidat idéal déteste recevoir un salaire et aime l’équité».
En d’autres mots, le jeune entrepreneur est à la recherche de ce qu’on qualifie d’«adult supervision» dans le milieu des start-ups. Hamed Al-Khabaz m’a d’ailleurs dit qu’il serait prêt à confier le poste de pdg à la bonne personne. « Je suis davantage un gars de produit », m’a confié le programmeur autodidacte.
Zilyo génère des revenus grâce aux commissions qu’elle engrange lorsque ses visiteurs réservent une chambre avec l’un de ses partenaires. Toutefois, le site Web de Zilyo reçoit peu de trafic, ce qui explique pourquoi Hamed Al-Khabaz recherche un expert en marketing.
Le mois dernier, Zilyo a reçu 9 427 visiteurs, dont 1236 ont cliqué sur un site tiers. Ces clics ont généré un revenu de 243 $ pour Zilyo, ce qui est loin d’être suffisant. En effet, outre les salaires des trois employés incluant Hamed Al-Khabaz, la start-up doit défrayer des coûts d’hébergement, qui s’élèvent à 1 200 $ par mois.
Pour maintenir la tête hors de l’eau, l’un des employés de Zilyo travaille sur Freelancer.com pour générer des revenus pour l’entreprise : « La nécessité nous pousse à être créatifs, explique Hamed Al-Khabaz. Chaque semaine, on pense qu’on va devoir fermer, et on trouve toujours un moyen de survivre une semaine de plus. »
Un parcours semé d’embûches
Pour ceux qui ne connaissent pas son histoire, rappelons que Hamed Al-Khabaz s’est lancé en affaires après avoir été injustement renvoyé du Collège Dawson, après qu’il ait signalé une faille dans le système informatique de l’établissement. Son co-fondateur, Ovidiu Mija, avait quitté le collège Dawson une semaine plus tard, par solidarité pour son ami. En août dernier, Hamed Al-Khabaz a dû se résoudre à renvoyer son ami et co-fondateur, qui ne parvenait pas à atteindre ses objectifs en matière de développement d’affaires.
C’est loin d’être le seul accident de parcours de la jeune start-up. Elle a notamment dû abandonner son nom initial, OutPost Travel, en raison d’une menace de poursuite émanant d’une entreprise du même nom. Lors de la dernière édition de Startup Festival, en juillet 2014, j’avais croisé Ovidiu Mija, qui m’avait dit que le trafic de l’entreprise s’était effondré après le changement de nom, mais qu’il revenait peu à peu.
Selon Hamed Al-Khabaz, l’autre erreur stratégique de Zilyo a sans doute été d’investir dans une app iPhone, qui a été développé aux prix de15 000 $ par une firme externe. Même s’il s’agit d’un prix compétitif, Hamed Al-Khabaz souhaiterait avoir cet argent sous la main aujourd’hui. Même si Zilyo n’a plus un rond, Hamed Al-Khabaz tente de gagner du temps, dans l’espoir de trouver un partenaire capable de remettre la start-up sur la bonne voie et d’aller chercher de nouveaux investissements.