Austin Hill est un ange financier et un entrepreneur en série respecté dans la communauté techno à Montréal. Au fil des ans, il a co-fondé plusieurs entreprises technos, tout en finançant d’autres entreprises en tant qu’ange financier membre d’Anges Québec et en tant qu’investisseur dans Real Ventures.
Or, à l’âge de 17 ans, Austin Hill était plus intéressé par l’argent facile que par la satisfaction de bâtir une entreprise. Il s’en est confessé samedi dernier à l’occasion de FailCampMTL, un événement durant lequel plusieurs conférenciers ont parlé ouvertement de leurs échecs.
Ce qui distingue la confession d’Austin Hill des autres, toutefois, c’est que l’échec qu’il a évoqué n’en était pas un sur le plan financier. En quelques mois, à l’âge de 17 ans, il avait réussi à générer près de 75 000 $ de profits à partir de son sous-sol. Cependant, la manière dont il s’y est pris était, à défaut d’être illégale, était très peu éthique.
L’entrepreneur originaire de l’Alberta avait alors mis sur pied Nelson Communication Group, un nom choisi parce qu’il ressemblait à celui de Nielsen. Officiellement, la mission de Nelson Coommunication Group était d’évaluer les émissions de télé. Austin Hill avoue toutefois que son but était de convaincre des consommateurs naïfs de verser un dépôt de 49 $ afin de recevoir un « programme d’entraînement » par la poste. « Notre thèse de départ, c’est que si quelqu’un était assez naïf pour répondre à nos annonces, il serait trop paresseux pour passer à travers le questionnaire », a-t-il expliqué.
La thèse du jeune entrepreneur s’est confirmée, si bien qu’aucun des candidats n’a complété le « programme d’entraînement » en question. Les affaires allaient bien pour lui, si bien qu’il avait assez d’argent pour multiplier les publicités cherchant des évaluateurs d’émissions de télé et pour embaucher des étudiants pour l’aider.
Durant cette aventure, Austin Hill dit avoir reçu un appel du Better Business Bureau et même reçu la visite d’un policier : « Quand j’ai expliqué au policier ce que je faisais, il est parti à rire et m’a dit qu’il ne pouvait rien faire, car on n’avait pas enfreint la loi », m’a-t-il expliqué après la conférence.
Austin Hill n’a jamais eu d’autres ennuis reliés à ce projet d’affaires peu scrupuleux, principalement parce qu’aucun de ses « clients » ne s’est plaint : « Nos clients ne demandaient pas à être remboursés, car ils avaient honte, un peu comme ceux qui achètent des produits miracles pour maigrir », explique-t-il.
Un jour, toutefois, un ami a dit à Austin Hill qu’il était l’une des personnes les brillantes qu’il connaissait et que ça lui faisait de la peine de voir comment il utilisait son intelligence. Ce mot n’est pas resté dans l’oreille d’un sourd. Après quatre ou cinq mois d’activités, Austin Hill a mis un terme à sa carrière d’entrepreneur peu scrupuleux.
Lorsque j’ai demandé à Austin Hill ce qu’il avait appris de cette expérience, il m’a répondu qu’elle lui avait démontré qu’il serait toujours capable de gagner sa vie : « En partant de zéro, j’avais trouvé le moyen de faire des milliers de dollars, explique-t-il. Dès lors, j’ai réalisé que je ne mourrais jamais de faim et, que tant qu’à avoir du talent, c’était aussi bien de l’utiliser pour faire quelque chose d’important »