Le test de Turing aurait été réussi pour la première fois samedi dernier par un logiciel conçu par une équipe d’ingénieurs dirigée le Russe Vladimir Veselov et l’Ukrainien Eugene Demchenko. Si un consensus sur la validité de ce résultat émergeait dans la communauté scientifique, il s’agirait d’une percée de taille dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Décrit dans un article publié en 1950 par Alan Turing, le test consiste à permettre à des humains de questionner un logiciel par écrit. Si un logiciel parvient à faire croire à ses interrogateurs qu’il est humain, il passe le test de Turing. Or, quelque 33 % des humains ayant interrogé Eugene Goostman, le nom sous lequel se présentait le logiciel ayant passé le test samedi, sont venus à la conclusion qu’il était humain.
En tout, cinq logiciels, incluant Eugene Goostman, ont été soumis au test de Turing à la Royal Society de Londres samedi. La date n’a pas été choisie au hasard. En effet, le 7 juin 2014 correspondait 60e anniversaire du décès d’Alan Turing.
Le fait qu’Eugene Goostman prétendait avoir 13 ans et ne pas maîtriser la langue anglaise amène Yoshua Bengio, l'un des chercheurs les plus respectés dans la sphère de l’intelligence artificielle, à douter des résultats de samedi dernier.
« Je ne crois pas qu'une véritable percée ait eu lieu, mais plutôt qu'en se déguisant derrière l'excuse d'être un ado dont la langue maternelle n'est pas l'anglais et qui semble maîtriser mal cette langue, les erreurs de fait et de langue passent mieux, c'est tout », m’a expliqué dans un courriel l’éminent professeur de l’Université de Montréal.
Peut-on conclure que le jour où les premiers logiciels pourront passer le test de Turing (et éventuellement remplacer nos pdg) appartient à un futur lointain ? Pas le moins du monde. Selon Yoshua Bengio, c'est une question d'années et non de décennies avant qu’un logiciel passe le test de Turing sans utiliser de subterfuge.