C’est le réseau social qui m’a apporté le plus et, pourtant, je songe depuis quelque temps à le quitter. Je ne pense pas que j’irai jusqu’à fermer mon compte Twitter. Je devrai toutefois me résoudre à y passer un minimum de temps pour me consacrer aux plateformes où je parviens à me faire entendre. Dans mon cas, il s’agit de Facebook et Linkedin.
Si j’entame cette réflexion, ce n’est pas parce que Twitter n’évolue pas assez vite à mon goût ni parce que la société a déçu les marchés boursiers. C’est d’abord et avant tout une question de chiffres. Malgré mes 16 946 abonnés sur Twitter en date d’aujourd’hui, on y clique à peine plus sur mes liens qu’en 2011, alors que j’avais 3700 abonnés.
À l’époque, mes tweets généraient en moyenne 6 clics du lien, contre 19,5 clics aujourd’hui, des chiffres que je base sur un échantillon limité de 10 tweets. On parle ainsi d’une augmentation absolue du nombre de clics de 225%, mais qui est nettement inférieure à l’augmentation de mon nombre d’abonnés entre 2011 et aujourd’hui, qui s’élève à 350%.
Parallèlement, le taux de clic sur mes liens sur Facebook et Linkedin ont explosé depuis 2011. Par exemple, mon tweet pointant vers mon billet sur ce jeune homme de 21 ans faisant 12 000 $ par jour (affiché ci-dessous) n’a généré sur Twitter que 62 clics, soit 0,8 % des clics générés par mon lien raccourci Lickstats. Même si je n’ai sur Facebook que 825 amis et 142 abonnés (pour une audience totale de 967 personnes), mon lien y a généré pas moins de 6957 clics. Même LinkedIn, où j’ai 1409 connexions professionnelles, a beaucoup mieux fait que Twitter, avec 78 clics.
La #startup de @aminacov, 21 ans, engrange 12 000$ par jour; peu de startups à #montreal peuvent en dire autant : https://t.co/h88XLok9nl
— Julien Brault (@julienbrault) 16 Juin 2015
Twitter Analytics, pour sa part, révèle que le tweet dans lequel j’ai inclus ledit lien a obtenu 3055 impressions et 105 engagements. Ainsi, il semble que mon tweet a suscité 25 «ouverture des détails» (pour voir la photo), 20 clics sur mon profil Twitter, sept favoris (l’équivalent des «J’aime» sur Facebook), et trois retweets (l’équivalent des partages sur Facebook).
Finalement, toujours selon Twitter Analytics, le tweet aurait généré 46 clics sur mon lien, le seul des engagements qui amène des visiteurs sur mon blogue. Ainsi, Twitter Analytics mesure un peu moins de clics que Lickstats, une marge qui pourrait s’expliquer par une méthodologie différente pour éliminer les clics de robots. En effet, 8,5 % des utilisateurs de Twitter seraient des robots, soit moins que la proportion de mes abonnés qui en sont, soit à peine 7 %, à en croire Twitter Audit.
Même en consultant les statistiques de liens pointant vers des billets ayant généré moins de trafic, le constat reste le même: mes 16 946 abonnés sur Twitter cliquent moins sur mes liens que mes 967 amis/abonnés Facebook et même que mes 1409 connections sur Linkedin. Pourquoi? Simplement parce que Monsieur et Madame Tout-le-monde passent très peu de temps sur Twitter (17 minutes par jour aux États-Unis), s’il n’a pas déjà abandonné son profil. En effet, il existerait pas moins d’un milliard de comptes Twitter, mais seulement 302 millions d’entre eux sont actifs au courant d’un mois donné. Qui plus est, 44% des fils Twitter n’ont jamais publié de tweet.
Si ces statistiques semblent dépeindre Twitter comme un cimetière, le réseau social a néanmoins son lot d’utilisateurs très actifs. Toutefois, ils tendent appartenir à un nombre limité de professions. Personnellement, les échanges que j’ai sur Twitter impliquent surtout des gens actifs dans le milieu des start-ups, des gens en marketing, des journalistes, des relationnistes de presse et des gens impliqués en politique.
La suite : De la futilité de bâtir une audience sur Twitter
De la futilité de bâtir une audience sur Twitter
Pour rejoindre leurs abonnés, certains super-utilisateurs de Twitter, comme Guy Kawasaki, considèrent qu’il est essentiel d’y pousser les mêmes liens plusieurs fois par jour. C’est une pratique qui fonctionne certainement à court terme, mais j’ai mes doutes. En adoptant une telle stratégie, j’ai peur de perdre mes abonnés les plus loyaux, qui m’ont inclus dans leurs listes et qui réagissent à presque tous mes tweets. Ceux-ci passant possiblement plusieurs heures par jour sur Twitter, ma stratégie de répétition pourrait encombrer leur fil, voire les conduire à cliquer deux fois sur un même lien. S’ils se désabonnaient de mon fil Twitter, je me trouverais donc à favoriser la quantité au détriment de la qualité.
Il est possible que, dès le départ, un réseau social bâti autour d’échanges et de partages en temps réel ait été voué à occuper une niche. Il est aussi possible que l’évolution à pas de tortue et l’interface encore difficile d’approche (pour les non-initiés) de Twitter sont les causes de ce désintérêt de Monsieur et Madame Tout-le-monde par rapport au réseau social. Une chose est certaine, toutefois, le service n’a pas beaucoup évolué depuis que, ne sachant pas trop quoi partager sur Twitter, j’y ai publié mon premier microbillet insignifiant le 12 janvier 2008, ai-je appris grâce à ce site Web.
Je suis sur le point d'écouter Six Feet Under en DVD.
— Julien Brault (@julienbrault) 12 Janvier 2008
Quoi qu’il en soit, je ne vais pas supprimer mon compte Twitter dans un avenir prévisible. La rétroaction instantanée que j’y obtiens, les échanges que j’ai sur le réseau social et l’accès à de l’information encore inédite en temps réel sont trois adhésifs qui, en tant que journaliste, me retiennent sur Twitter. Toutefois, pour ce qui est de développer une audience pour mon travail journalistique, Twitter est le dernier réseau social où je devrais logiquement investir du temps. D’ailleurs, à défaut de quitter Twitter pour de bon, je compte désormais consacrer davantage de temps à Facebook et Instagram (et peut-être même à Snapchat) qu’au réseau social qui a popularisé la Fail Whale.