BLOGUE. C’est un scénario familier. Une start-up québécoise prometteuse est acquise par un géant américain. L’acquisition de Planora par RedPrairie, conclue sans tambour ni trompette le 11 juillet dernier, entre dans cette catégorie. Toutefois, ses dirigeants n’ont pas vendu pour se retirer ni en raison d’un manque de capital de risque : « On avait des offres d’investissement correspondant au montant qu’on voulait sur la table », révèle Jean-François Gagné, qui était PDG de Planora au moment de la transaction.
L’entreprise montréalaise, qui comptait 25 employés, était à la croisée des chemins au moment où elle a accepté l’offre de RedPrairie, que M. Gagné se limite à qualifier de « substantielle ». Fondée sous le nom d’Omega Optimisation en 2002, l’entreprise offrait à ses débuts des services de consultation et de développement logiciel.
En 2007, lorsque la PME s’est lancée dans un tout nouveau projet entrepreunarial, elle avait 7 employés et un chiffre d’affaires intéressant. L’entreprise de services a alors commencé à travailler sur son propre logiciel de planification d’horaires.
Suite à ce changement de cap, l’entreprise a embauché et refusé de lucratifs contrats de service afin de développer son logiciel : « Cela n’a pas été facile, mais on a eu la discipline de le faire. Si on n’avait pas eu cette discipline-là, on ne se serait pas rendu là », témoigne Jean-François Gagné.
Durant les trois prochaines années, le développement du logiciel a entièrement été financé par les trois co-fondateurs de l’entreprise, Louis-Martin Rousseau, Alexandre Le Bouthillier et Jean-François Gagné. Malgré tout, à deux reprises, l’entreprise a fait table rase du travail accompli et est repartie à zéro : « Ça a fait mal, mais ce qu’on essayait de résoudre n’avait jamais été fait, explique Gagné. On savait ce qu’on voulait faire, mais le chemin pour s’y rendre était loin d’être évident. »
En 2010, le fonds Real Ventures a investi dans la start-up. Elle a ensuite continué à peaufiner son logiciel et, en 2012, a été renommée Planora pour mieux refléter sa nouvelle mission. Avant la transaction, le logiciel de Planora était utilisé par plusieurs clients, dont plusieurs centres d’appels et les studios de photographies L. Lozeau et Magenta. À l’automne 2011, l’entreprise était prête à commercialiser son logiciel à grande échelle, mais avait besoin de capitaux de risque pour ce faire.
Jean-François Gagné explique qu’il a préféré l’offre d’achat aux offres de financement en raison du potentiel de la technologie de Planora : «Le potentiel de ce qu’on a développé comme techno est très grand. Ce qu’on est capable de faire dans le commerce de détail pour la main-d’œuvre peut s’appliquer à de nombreux autres domaines. »
De plus, Gagné reconnaît que la commercialisation à grande échelle envisagée aurait pu être ardue : «Même en allant chercher un investissement de 15 millions, par exemple, la commercialisation aurait pris du temps. Les géants du détail en Amérique du Nord mettent du temps à prendre des décisions. Même avec une technologie super innovatrice, la fenêtre d’opportunité bouge vite, car la techno continue à évoluer.»
Jean-François Gagné, qui porte aujourd’hui le titre de vice-président de RedPairie, continue à superviser les employés montréalais de Planora. Puisque RedPrairie commercialise déjà son propre logiciel de planification, le mandat du nouveau bureau montréalais de RedPrairie est de faire de la recherche et d’améliorer la gamme de produits existante de l’entreprise.
Les clients actuels de Planora, quant à eux, continueront à être supportés. Ainsi, aucune perte d’emploi n’est à prévoir à Montréal, bien au contraire: « Je compte faire grandir l’équipe graduellement, mais en m’assurant de conserver la même dynamique qui a fait notre succès. Pour l’instant, j’ai deux postes d’ouverts », explique le nouveau vice-président.