La Montréalaise Lightspeed, qui vient d’obtenir 80 millions, peut désormais revendiquer le titre de la start-up techno ayant obtenu le plus de financement en capital de risque au Québec. Avec des investissements totaux de 150 millions à ce jour, Lightspeed dépasse désormais Beyond The Rack, dont le financement total s’élèverait à 98,6 millions US (130,5 millions CA), selon Crunchbase.
Cette nouvelle ronde de financement a en quelque sorte été dirigée par Québec, puisque la part du lion de l’investissement provient de la Caisse de dépôt et d’Investissement Québec. Le reste provient d’Accel Partners et d’iNovia Capital.
Dax Dasilva, le pdg de Lightspeed, dit vouloir utiliser son nouveau trésor de guerre, qui s’élève désormais à plus de 80 millions, pour continuer à doubler son chiffre d’affaires chaque année. Déjà utilisée par quelque 25 000 clients répartis dans 100 pays, l’application en ligne de systèmes de point de vente sur iPad devrait être bonifiée d’une offre plus exhaustive en matière de commerce électronique.
Dax Dasilva, le pdg de Lightspeed, était dans une position de force pour négocier cette ronde de financement. En effet, l’entreprise de 350 employés a vu ses revenus croître de 123 % depuis l’année dernière et l’entreprise n’était pas dans le besoin, cette dernière n’ayant pas passé au travers des 35 millions de dollars de financement qu’elle a obtenu en 2014. «On bénéficie d’un momentum ; on a parlé à plusieurs joueurs pour cette ronde et c’est clair qu’on avait le choix», lance Dax Dasilva.
Le pdg de Lightspeed, toutefois, dit que trouver des investisseurs locaux faisait partie de ses objectifs dès le début du processus. «Je pense que si on veut bâtir une grande entreprise techno au Québec, et être ici à long terme, ça tombe sous le sens que la propriété de l’entreprise soit ici», explique Dax Dasilva.
La Caisse s’intéresse aux start-ups
La participation d’Investissement Québec à la ronde n’est pas une surprise, puisque le bras investissement du gouvernement a déjà participé au financement de start-ups québécoises comme Beyond The Rack et qu’elle avait déjà investie dans Lightspeed. Que la Caisse investisse directement dans une start-up comme Lightspeed, toutefois, constitue une première dans l’histoire récente de l’institution.
Contrairement à Omers, qui exploite son propre fonds en capital de risque, Omers Ventures, la Caisse a fait le pari d’investir en capital de risque par l’entremise de Teralys, un fonds de fonds qui finance notamment iNovia Capital. Christian Dubé, vice-président exécutif de la Caisse, explique toutefois que l’institution considère qu’elle un rôle à jouer dans le financement de start-ups dont les besoins de financement ne peuvent être comblés par les fonds locaux : « Depuis 10 ans, en investissant dans des fonds, on a créé une belle pépinière d’entreprises, mais quand ces compagnies là arrivaient à leur troisième ou quatrième ronde [ronde C et D], c’étaient des fonds qui venaient de Boston et de la Californie qui levaient la main. »
Même s’il reconnaît qu’il s’agit d’une première dans l’histoire récente de la Caisse, Christian Dubé prévient que cet investissement ne sera pas le dernier dans une start-up québécoise. « Je peux vous dire qu’il y va y en avoir d’autres de cette taille-là », lance-t-il. L’investissement de la Caisse dans Lightspeed, du reste, intervient alors que Christian Dubé a demandé à Thomas Birch, responsable des fonds à la Caisse, de faire un examen des start-ups les plus importantes issues des fonds financés par la Caisse.
Expansion internationale
Lightspeed, dont 60% des 350 employés sont constitués de vendeurs et de téléphonistes, utilisera le financement de 80 millions pour agrandir son équipe de développeurs. Entre autres choses, ces derniers devraient agrandir l'équipe de développement de la plateforme de vente en ligne de Lightspeed, qui rivalise en quelque sorte avec l'Ontarienne Shopify, dont le titre est négocié en bourse depuis mai dernier.
L’investissement permettra aussi à Lightspeed, qui a déjà des bureaux dans 7 villes à travers le monde, de poursuivre son internationalisation. Notamment, Dax Dasilva a de grandes attentes par rapport à la commercialisation en Amérique du Nord du logiciel de système de points de vente destiné aux restaurants sur lequel Lightspeed a mis la main en achetant la Belge POSIOS en 2014.
Le logiciel vient d’ailleurs d’obtenir la certification de Revenu Québec lui permettant d'être associé aux modules d'enregistrement des ventes (MEV), que les restaurateurs québécois sont désormais tenus d’utiliser. Pour Dax Dasilva, l’imposition de ces modules, qui permettent aux gouvernements de combattre l’évasion fiscale, représente une occasion d’affaires : « Nous voyons à travers le monde de plus en plus de gouvernements adopter ce type de réglementations et ça engendre un cycle de renouvellement des systèmes de point de vente qui nous permet de prendre de l’expansion. »