Le slogan officieux de Google, « Don’t be evil », est encore une fois mis à mal par l’actualité. En effet, l’armée américaine dotera ses soldats de téléphones mobiles équipés d’une version « militaire » d’Android, le système d’exploitation mobile de Google.
Confirmant ainsi qu’elle allait de l’avant avec ce projet, l’armée annonçait cette semaine qu’elle offrirait d’ici le mois de juillet prochain un kit de développement pour permettre la création par des tiers d’applications compatibles avec ses téléphones militaires. Les téléphones militaires Android, qui seront conçus pour fonctionner sur des fréquences différentes de celles utilisées par les opérateurs traditionnels, devraient arriver dans les mains des soldats à partir de 2013.
Android étant un logiciel libre, l’image de Google n’est pas véritablement menacée par ce choix de l’armée américaine, dans la mesure où quiconque peut installer et modifier le système d’exploitation gratuitement. Au contraire, cette nouvelle, à première vue anodine, pourrait avoir un impact très important sur l’avenir de l’entreprise. Avec ses effectifs d’environ 1 500 000 personnes, l’armée américaine est une clientèle captive parmi les plus précieuses qui soient.
Plusieurs multinationales doivent d’ailleurs leur succès actuel à leurs relations antérieures avec l’armée. Les rasoirs Gillette, qui appartiennent aujourd'hui à Procter & Gamble, ont été vendus à des prix dérisoires à l’armée américaine durant la Première Guerre mondiale, dans l’espoir que les soldats rachètent des lames après leurs services.
Coca-Cola a quant à elle été littéralement sauvée par l’armée américaine, échappant au rationnement du sucre durant la Seconde Guerre mondiale en obtenant le statut de fournisseur officiel de l’armée. Bien entendu, l’omniprésence de la boisson gazeuse sur les bases militaires américaines a également contribué à son hégémonie en temps de paix.
Si l’histoire se répète, il est fort à parier que les G.I., de retour à la vie civile, préféreront un téléphone Android à un iPhone.