Marissa Mayer détonne parmi les pdg du Fortune 500. Blonde et âgée d’à peine 39 ans, la pdg de Yahoo a fait couler beaucoup d’encre depuis son arrivée en poste en juillet 2012. Cependant, les controverses auxquelles elle a été mêlée au courant des deux dernières années, du bannissement du télétravail à son congé de maternité de deux semaines, n’ont rien à voir avec son bilan décevant à la barre de Yahoo. C’est du moins ce qui ressort du livre du journaliste de Business Insider Nicholas Carlson, qui a publié le livre Marissa Mayer and the Fight to Save Yahoo le 6 janvier dernier.
Le livre, qui se présente comme une biographie de la jeune pdg, est dans les faits consacré à l’histoire de Yahoo. De fait, ses 150 premières pages sont consacrées à l’histoire mouvementée de la société Web, à la tête de laquelle se sont succédé pas moins de huit pdg depuis sa fondation en 1995. La deuxième moitié du livre de Carlson, qui couvre les années Marissa Mayer, expose pour sa part failles de sa nouvelle pdg. Voici donc les sept péchés capitaux de Marissa Mayer.
1. Elle est toujours en retard
La pdg de Yahoo, il est vrai, surcharge son agenda, si bien qu’il n’est pas rare qu’elle quitte le bureau après minuit. Si l’assiduité de Marrissa Mayer est légendaire, c’est aussi le cas de son manque de ponctualité. Systématiquement en retard à ses rendez-vous, elle en a offusqué plus d’un parmi les cadres de la société. C’est notamment le cas de Ross Levinsohn, le pdg intérimaire de Yahoo avant la nomination Marissa Mayer, que le conseil d’administration aurait voulu garder à bord comme directeur des opérations. Lors de son premier rendez-vous avec Marissa Mayer, cette dernière ne pouvait pas l’accueillir dans son bureau à l’heure convenue. Son assistante aurait alors demandé à Ross Levinsohn d’attendre devant le bureau de Marissa Mayer. Inutile de dire qu’il n’est pas resté longtemps chez Yahoo après l’arrivée de Mayer.
2. Elle est incapable de déléguer
Lors de son arrivée en poste, Marissa Mayer a vite fait des ressources humaines l’une de ses priorités. Se refusant à déléguer, la solution qu’elle a trouvée pour rehausser la qualité des nouvelles embauches est d’approuver personnellement chaque nouvelle embauche. Elle a fini par laisser tomber cette pratique insoutenable, mais non pas sans ralentir drastiquement le processus d’embauche chez Yahoo lorsqu’elle était en vigueur. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du niveau de contrôle, inédit pour un pdg d’une société publique, exercé par Marissa Mayer chez Yahoo.
3. Elle a du mal à jauger quelqu’un en entrevue
Marissa Mayer, une ingénieure de formation, est sans doute capable de faire la différence entre un bon et un mauvais ingénieur. Toutefois, elle semble avoir du mal à embaucher des cadres de premier plan pour pourvoir aux postes clefs de Yahoo. Sa bourde la plus embarrassante et la plus publique est sans contredit l’embauche de Henrique de Castro au poste de directeur des opérations. L’ancien cadre de Google avait été embauché pour redresser les ventes de publicitaires de Yahoo, mais s’est révélé un piètre opérateur, selon Nicholas Carlson, et les ventes de Yahoo ont diminué après son entrée en poste. Marissa Mayer a renvoyé le cadre 15 mois après son embauche, un geste qui n’est pas passé inaperçu compte tenu de la rémunération exceptionnelle que Henrique de Castro avait su se négocier. En tout, ce dernier a engrangé 58 millions en un peu plus d’un an chez Yahoo.
4. Elle a tenté de faire de Yahoo un média haut de gamme
Lors d’un petit déjeuner avec Anna Wintour, la célèbre rédactice en chef de Vogue, Marissa Mayer aurait soudainement décidé de faire des propriétés média de Yahoo des destinations haut de gamme. Lors de ce petit déjeuner, Anna Wintour aurait qualifié d’horrible le site Web pour les femmes Yahoo Shine, ce qui aurait convaincu Mayer de miser sur du contenu plus haut de gamme désormais. Or, Yahoo Shine avait beaucoup plus de visiteurs que le site Web de Vogue et personne n’a encore réussit démontré qu’on pouvait rentabiliser du contenu de haute qualité grâce à la publicité sur le Web. Cela n’a pas empêché Mayer d’embaucher à grands frais des journalistes célèbres, dont David Pogue du New York Times et Katie Couric d’ABC News pour réaliser des vidéos pour la société. Or, les vidéos de ces célébrités génèrent très peu de clics et, par conséquent, très peu de revenus publicitaires.
5. Elle n’arrive pas à communiquer avec ses employés
Marissa Mayer n’a jamais eu de mal à faire passer son message dans les médias, mais il semble que ce soit une autre histoire auprès de ses employés. Notamment, Carlson rapporte qu’elle a lu un livre pour enfants, Bobby had a Nickel, à l’ensemble des employés pour Yahoo à la place de répondre à leurs questions sur le système controversé d’évaluation des employés qu’elle avait mis en place. Aucun d’entre eux n’a compris quelle mouche avait piqué la pdg, mais la morale que l’histoire devait communiquer était que les expériences étaient plus importantes que les biens matériels. Difficile toutefois de faire le lien avec le système d’évaluation des employés de Yahoo.
6. Elle a imposé un système de classement forcé des employés
Lors de l’arrivée de Marissa Mayer à la tête de Yahoo, il était clair qu’il y avait du bois mort parmi les employés du géant de Sunnyvale. Yahoo avait besoin de davantage d’employés performants, mais aussi, de faire des mises à pied. Aussi, le système de classement forcé prôné par l’ancien pdg de General Electric, Jack Welch, semblait tout indiqué pour Yahoo. Ce système impose aux gestionnaires d’identifier parmi leurs employés les 10% les plus médiocres et les 20 % les plus performants. Bien entendu, les employés mis à pied appartiennent généralement à la catégorie des médiocres. Si le système semble avoir fonctionné chez GE, il a ses limites. En effet, en forçant les gestionnaires à identifier 10% de leurs employés comme sous-performant, même les employés les plus performants risquent d’être qualifiés de médiocres par leur employeur s’ils rejoignent une équipe uniquement composée d’employés du même calibre. Ce qui a mis le feu aux poudres, chez Yahoo, c’est que Marissa Mayer a imposé un tel système de classement forcé de manière dissimulée, n’admettant pas que ses gestionnaires devaient respecter des proportions prédéterminées lorsque venait le temps d’évaluer leurs employés.
7. Elle a accepté de devenir la pdg de Yahoo
À la décharge de Marissa Mayer, les problèmes minant Yahoo sont profonds et les sept autres pdg ayant tenu la barre de la société ne sont pas parvenus à les régler. Aussi, accepter le poste de pdg de Yahoo pourrait être la seule véritable erreur de Marissa Mayer. Lancée sous la forme d’un répertoire de sites Web, Yahoo a mis des années avant d’investir dans la recherche Internet, une technologie qu’elle voyait initialement comme une commodité. De là découle sa bourde de lever le nez sur l’acquisition de Google, qu’elle aurait pu acheter pour un million de dollars en 1998. De plus, en choisissant de multiplier les structures autonomes de manière à pouvoir lancer des centaines de produits différents durant ses premières années, Yahoo s’est doté d’une structure byzantine qui a ralenti la société au fil des ans.