BLOGUE. Durant le premier trimestre 2012, Google a dépensé davantage que Microsoft pour faire du lobbyisme aux États-Unis. Avec un investissement de plus de cinq millions de dollars durant le trimestre, le géant du Web devient ainsi l’entreprise de son secteur investissant le plus pour faire valoir ses intérêts auprès du gouvernement américain.
Un autre géant du Web à surveiller est Facebook, qui a doublé ses dépenses en lobbyisme, qui ont atteint 650 000 $ aux États-Unis au courant du même trimestre. Au nord de la frontière, toutefois, le réseau social n’a inscrit qu’un seul lobbyiste au registre des lobbyistes du Canada.
Google, par contre, est l’une des entreprises technos les plus actives sur la colline parlementaire. La principale préoccupation de Google ? La loi C-11, qui modifiera en profondeur le droit d’auteur au Canada, à laquelle il ne manque que le sceau du sénat pour entrer en vigueur.
Depuis 2010, les lobbyistes de Google ont multiplié les rencontres avec les députés et ministres de la chambre des communes. Durant la même période, elle s’est également joint au Business Coalition for Balanced Copyright, un regroupement d’entreprises ayant des intérêts convergents en matière de droit d’auteur, qui a lui aussi mené d’importants efforts de lobbyisme.
Le registre des lobbyistes du Canada révèle la tenue de plus de 60 rencontres entre les représentants de Google et ceux du gouvernement. Si on tient compte des rencontres initiées par la Business Coalition for Balanced Copyright, ce nombre s’élève à plus de 80.
Les efforts de lobbyisme de Google au Canada au courant des deux dernières années visaient principalement à faire contrepoids à ceux de l’industrie du cinéma, de la musique et de l’édition. Alors que certains ont dénoncé la loi C-11 comme une loi trop rigide en matière de droit d’auteur, les associations de détenteur de droits l’ont dénoncé par ce qu’elle n’était pas assez sévère. Entre autres choses, les premiers dénonçaient la loi parce qu’elle rendra illégale de contourner un verrou numérique protégeant un fichier dont on est propriétaire, tandis les autres le faisaient parce que la loi n’obligerait pas les fournisseurs d’accès à Internet à bloquer des sites violant des droits d’auteur.
Google, quant à elle, n’a pas fait de vague sur la question et la position défendue par ses lobbyistes était pour le moins conciliante. À propos de la loi C-32, l’ancêtre de la loi C-11, sa position était la suivante : «Google est satisfaite de la loi et veut s’assurer qu’elle ne soit pas modifiée par les comités. » Outre quelques changements mineurs, la loi C-11 diffère très peu de la loi C-32.
Aux États-Unis, où la réforme du droit d’auteur a fait l’objet d’une controverse en janvier dernier, Google s’est férocement opposé aux projets de lois SOPA et PIPA. Néanmoins, ces projets de loi, qui ont finalement été abandonnés, allaient beaucoup plus loin que le projet de loi C-11. Notamment, Google aurait pu enfreindre la nouvelle loi en affichant dans ses résultats de recherche des sites proposant du contenu piraté.
Bref, Google, comme toute autre entreprise, défend ses intérêts avant tout. Et la culture de hackeurs mise de l’avant dans la Silicon Valley ne pèse pas dans la balance dans les capitales où les lobbyistes de Google sont à l’œuvre.