Avant d’assister à la conférence du co-pdg d’Upworthy Eli Pariser, je croyais que la seule chose qui distinguait Upworthy était ses titres interminables. Or, durant la conférence qu’il a présentée dans le cadre de Social Media Week à New York ce mercredi, il a levé le voile sur la stratégie du site Web. Et il apparaît que ce n’est pas seulement grâce à ses titres que le site Web a attiré 87 millions de visiteurs uniques durant le seul mois de novembre 2013.
Selon Eli Pariser, des titres suscitant la curiosité sont loin d’être suffisant pour rendre un article viral : « Un titre peut convaincre les internautes de cliquer une première fois, mais ils ne partageront pas l’article par la suite si le contenu ne les interpelle pas », a-t-il fait valoir.
Répondant à la rumeur voulant que le trafic d’Upworthy ait chuté en raison d’un changement d’algorithme de Facebook, Eli Pariser a expliqué que Facebook change constamment son algorithme et qu’Upworthy ne s’en soucie pas outre mesure : « On veut offrir des titres qui rendent les internautes curieux et qui les interpellent et du contenu qu’ils auront envie de partager. À long terme, peu importe ce que Facebook fait, nous pensons que ça va fonctionner.»
Entre autres choses, Upworthy utilise ses statistiques afin de déterminer que type de contenu interpelle le plus son audience. Pour ce faire, le site ne se fie pas aux statistiques traditionnelles comme le nombre de pages vues ou le nombre de visiteurs uniques. Upworthy a inventé sa propre métrique, qu’Eli Pariser appelle l’attention-minute, qui mesure le temps passé par les internautes à interagir activement avec le contenu du site.
Selon Eli Pariser, l’une des stratégies auxquelles Upworthy doit sa croissance phénoménale est de privilégier la qualité à la quantité. Cette assertion semble étrange venant du co-pdg d’Upworthy, mais apparemment, ses rédacteurs sont invités à ne publier que lorsqu’ils sont en amour avec une histoire. Alors qu’il n’est pas rare qu’un journaliste du Huffington Post publie 7 articles par jour, les rédacteurs d’Upworthy ne publient généralement que 5 ou 6 textes par semaine.
Eli Pariser dit aussi rejeter le contenu n’ayant aucune implication sociale ou n’étant pas lié à un enjeu important. « Les gens n’ont pas qu’une identité; d’une part, ils aspirent à être éduqués et d’autre part, ils veulent seulement consommer des friandises dans l’immédiat », explique-t-il.
Selon Eli Pariser, le problème de l’information importante sur le Web est qu’elle est souvent présentée de manière sèche. Aussi, Upworthy s’est donné la mission de diffuser du contenu important tout en le rendant plus attrayant : « Essayons de rendre ce contenu émotionnel, interpellant », explique-t-il.
Ainsi, Upworthy sélectionne du contenu susceptible d’inspirer des émotions actives, que ce soit de l’enthousiasme, de l’inspiration, de la colère ou de l’indignation. Toutefois, les histoires suscitant la tristesse ou la confusion chez le lecteur sont évitées.
Upworthy n’éviterait pas ces émotions parce qu’elles ne conduisent pas les internautes à partager sur les médias sociaux, mais parce les histoires les suscitant ont peu d’impact positif sur le monde…
On peut être sceptique par rapport à la mission officielle d’Upworthy, qui est de mettre en valeurs des enjeux importants et de changer le monde. Toutefois, il est incontestable que la start-up est passée maître dans l’art de mettre son contenu devant les yeux d’une audience massive en tirant parti des médias sociaux. C’est pour cette raison que sa recette mérite d’être examinée de près.