BLOGUE. Le site d’emplois québécois Neuvoo.ca a annoncé le 17 février dernier avoir obtenu quelque 600 000 $ de financement. Le montant, qui provient d’investisseurs individuels, valorise ainsi l’entreprise à quelque six millions de dollars. Fort de 134 000 visiteurs uniques par mois, dont l’immense majorité provient du Québec, les perspectives de croissance du site à l’international sont bonnes. Et ses trois fondateurs ne manquent pas d’ambition, ces derniers ayant pour but d’implanter leur site dans quelque 23 pays au cours des trois prochaines années.
Un site d’emplois nouveau genre
Fondée en décembre 2010 par Benjamin Philion, Maxime Droux et Lucas Martinez, Neuvoo a depuis lors connu une croissance exceptionnelle grâce à son approche unique. Il faut dire que l’entreprise de 8 employés sait exactement où elle s’en va.
Contrairement aux sites d’emplois traditionnels, comme Monster ou Workopolis, le site n’a pas besoin de convaincre les entreprises de lui confier leurs offres d’emplois. Le site récupère plutôt automatiquement les offres d’emplois publiées directement sur les sites Internet des entreprises qui recrutent. Grâce à cette technique, le site regroupe aujourd’hui quelque 20 000 offres d’emplois.
Pour se démarquer des autres agrégateurs d’offres d’emplois, comme Indeed et SimplyHired, Neuvoo ne récupère pas les offres d’emploi diffusées par des tiers. Ce faisant, l’entreprise s’assure que les offres d’emplois présentées sur son site se démarquent. Surtout, cette approche lui permet d’offrir des services concurrents à ceux offerts par les sites d’emplois traditionnels. En effet, ceux-ci ne peuvent rien contre les agrégateurs, qui se présentent comme de simples outils de recherche d’emplois, mais n’hésiteraient pas à poursuivre un concurrent direct copiant leurs offres d’emploi.
À première vue, Neuvoo ressemble ainsi davantage à un site d’emplois conventionnel qu’à un agrégateur. Pour se démarquer encore plus de ces derniers, le site essaie également de récupérer des offres d’emplois sur des sites Internet de PME : « Notre objectif, c’est d’aller chercher du contenu qui a échappé à nos concurrents », explique Lucas Martinez, directeur des ventes de l’entreprise.
Le modèle d’affaires de l’entreprise repose d’une part sur la vente de publicité et, d’autre part, sur les services de recrutement. Elle affiche ainsi de la publicité externe, tout en permettant aux entreprises de payer pour que leurs offres d’emplois obtiennent davantage de visibilité sur le site. Ayant accumulé quelque 30 000 CV, Neuvoo offre également aux entreprises qui recrutent d’envoyer des courriels à des candidats ayant les compétences recherchées ou leur vend carrément un accès à sa banque de données.
Expansion internationale
Neuvoo, qui présente des offres d’emplois issus de l’Ontario depuis trois mois, compte étendre ses activités à l’ensemble du Canada au courant des prochaines semaines. Toutefois, le financement qu’elle a obtenu lui servira surtout lui permettre de s’implanter à l’étranger. Les deux associés du président de Neuvoo, Benjamin Philion, étant originaire de Suisse, ce n’est pas étonnant que l’Europe francophone constitue sa première cible à l’international. D’ici la fin de l’été, le site Internet devrait ainsi offrir des offres d’emplois en Suisse, en Belgique et en France.
La cible suivante du site d’emplois québécois est l’Espagne. Le marché américain intéresse certes l’entreprise, mais Lucas Martinez explique vouloir prendre son temps avant d’y aller : « Le marché américain étant très compétitif, nous voulons être déjà forts en Europe avant d’implanter notre site dans un premier État américain.»
La recette concoctée par l’équipe de Neuvoo semble être bonne. Toutefois, la start-up fait face au même écueil que ses concurrents, qu’ils s’appellent Monster ou SimplyHired. Cet écueil, c’est la montée en force du réseau professionnel LinkedIn, qui s’est donné pour mission de faire du CV une relique du passé : « Les profils LinkedIn ne sont pas encore assez détaillés pour remplacer les CV et c’est surtout pour les postes d’ingénieur et de cadres supérieurs que le réseau est efficace. Les mentalités, les habitudes, ne sont pas prêtes de changer et le CV a encore de belles années devant lui », conclut Lucas Martinez.
À propos de la start-up de la semaine :
Chaque semaine dans la mesure du possible, je présente sur ce blogue une start-up québécoise prometteuse. Vos suggestions sont les bienvenues et je vous invite à m’en faire sur Twitter, Google + ou directement par courriel à julien.brault@tc.tc