La Monnaie royale canadienne a développé un système de paiement dont les avantages ne sont pas sans rappeler ceux du bitcoin. MintChip, un système de paiement numérique conçu pour les micro-transactions, a sur le bitcoin un avantage qui pourrait inciter les marchands à l’adopter. Le fabricant de terminaux de paiement Ingenico a conçu un terminal expérimental permettant d’accepter des paiements via MintChip, qui a été dévoilé la semaine dernière à New York.
Court-circuitant les intermédiaires de paiement traditionnels et les frais qu’ils imposent, MintChip permet de transférer des fonds directement d’un compte à un autre. « MintChip est un produit numérique similaire à de l’argent comptant conçu pour les échanges commerciaux du 21e siècle », explique Marc Brûlé, directeur des modes de paiement émergents à la Monnaie royale.
Dans le cas de la démonstration qui a eu lieu à New York, les paiements ont été faits par l’entremise d’un téléphone BlackBerry 10, qui communiquait avec le terminal d’Ingenico via la technologie NFC.
« On a conçu la technologie MintChip de manière à ce qu’elle soit neutre d’un point de vue technologique », explique Marc Brûlé. Par conséquent, il devrait être possible de faire des paiements avec MintChip par l’entremise de n’importe quel téléphone intelligent, sur le Web ou encore avec une carte en plastique. L’argent pourrait ainsi entreposé dans un compte en ligne ou localement dans un appareil ou une puce.
Un bitcoin propre ?
Si un utilisateur venait à perdre son téléphone où un solde MintChip était entreposé localement, il perdrait son argent, comme s’il s’agissait d’argent liquide. Pour ceux qui sont familiers avec l’univers bitcoin, ces caractéristiques sont probablement familières. Toutefois, la comparaison entre MintChip et le bitcoin s’arrête là. « MintChip n’est pas une réaction au bitcoin ; c’est un projet qui a commencé en 2009, bien avant que le bitcoin sorte de l’ombre », fait d’ailleurs valoir Marc Brûlé.
Tandis que le bitcoin est une devise virtuelle, MintChip n’est qu’un système de paiement qui permettra de transiger en dollars canadiens. De plus, il sera possible de renverser une transaction complétée via MintChip, de manière à se faire rembourser, par exemple. Il est impossible de faire de même dans le cas d’une transaction en bitcoins, une propriété qui en fait la devise de choix des transactions illicites sur le Web.
Afin d’ouvrir un compte MintChip, les utilisateurs devront déposer une somme en dollars canadiens dans leur compte MintChip. Les comptes devraient être gérés par des intermédiaires, qui seront fort probablement des institutions financières, selon Marc Brûlé. Ces intermédiaires devront toutefois confier les sommes que leurs clients déposent dans leur compte MintChip à la Monnaie royale canadienne.
Une technologie en rodage
Le système de paiement MintChip n’est encore qu’un projet de recherche et développement au sein de la Monnaie royale. Toutefois, le projet devrait faire l’objet d’un projet pilote auprès des employés de l’institution au courant des prochains jours. Ces derniers se verront attribuer un compte MintChip qu’ils pourront utiliser pour transiger entre eux et pour payer dans les cafétérias de la Monnaie royale, où des terminaux expérimentaux d’Ingenico seront installés.
D’ici la fin de l’année, le projet pilote devrait s’étendre des intermédiaires (lire des banques) et à des marchands participants. Selon Marc Brûlé, la Monnaie royale a l’ambition de vendre la technologie de MintChip à ses homologues étrangers. Alors qu’elle pourrait avoir le même rôle dans les pays développés, MintChip pourrait jouer un rôle plus déterminant encore dans les pays en voie de développement où une importante proportion de la population n’a pas de compte bancaire.
Dans les pays émergents, les opérateurs mobiles pourraient jouer le rôle d’intermédiaire. Si je lance cette hypothèse, c’est qu’il y a déjà un précédent au Kenya, où un système de paiement par message texte géré par Safaricom, M-Pesa, est immensément populaire.