BLOGUE. Kickstarter, le site Internet qui a popularisé le crowdfunding, n’a jamais fait l’unanimité. Tandis que l’AMF a remis en question sa légalité au Québec, le site a aussi été critiqué pour le pourcentage important de projets, soit 41 %, qui n’atteignaient pas leur objectif de financement. Les contributeurs de ces projets ne sont toutefois pas pénalisés dans ces cas, puisque les montants qu’ils se sont engagés à verser ne leur sont alors pas facturés.
Un article publié ce matin sur Bloomberg s’intéresse cette fois aux projets qui, pour leur part, ont atteint leur objectif de financement. Depuis la fondation de Kickstarter en 2009, c’est pas moins de 274 millions qui ont été versés aux quelque 28 000 initiateurs de projets qui ont rencontré leur objectif de financement. Malgré tout, 75 % d’entre eux n’auraient pas livré la marchandise avant l’échéance qu’ils s’étaient eux-mêmes fixée, selon une étude publiée par Ethan Mollick, professeur à l'Université de Pennsylvanie.
Bien que la fraude soit une possibilité, il semble que plusieurs initiateurs de projets soient dépassés face à la complexité du défi posé par la réalisation de leur projet. Certes, on retrouve sur Kickstarter de nombreux projets artistiques, mais ceux qui impliquent la fabrication de produits sont parmi les plus populaires. Les initiateurs de ces projets, lorsqu’ils sont financés, se rendent rapidement compte que la fabrication d’un prototype ne les prépare en rien à la complexité de coordonner la production à grande échelle de celui-ci.
Le projet le plus financé de l’histoire de Kickstarter, qui a amassé plus de 10 millions de dollars en avril dernier, a récemment rejoint le club des 75 %. Ce dernier visait à obtenir un financement de 100 000 $ pour produire des montres pouvant intéragir avec un iPhone ou un téléphone Android. Son initiateur, le Vancouverois Eric Migicovsky, a ainsi envoyé un courriel à ses contributeurs pour leur annoncer que les montres seraient livrées en retard.
Les contributeurs des projets financés qui tardent à voir le jour sont laissés à eux-mêmes, puisque Kickstarter n’effectue aucun suivi auprès des initiateurs de projets. Par conséquent, ceux qui souhaitent y financer un projet doivent s’armer de discernement dans un premier temps… puis de patience dans un second.