Plusieurs entrepreneurs prenant part à l’économie bitcoins voient désormais d’un bon œil un encadrement réglementaire de la crypto-monnaie. Malgré l’implosion de Mt. Gox, le plus important changeur de bitcoins dans le monde, cette volte-face ne manque pas de surprendre. Après tout, le bitcoin était, jusqu’à tout récemment, surtout populaire dans les cercles libertariens… justement parce la devise échappait à la mainmise des gouvernements.
Il faut dire que l’effondrement de Mt. Gox, qui pourrait avoir entrainé dans sa chute quelque 744 000 bitcoins, a créé une véritable crise de confiance dans l’économie bitcoin. Le cours de la devise, qui s’échangeait à plus de 900 $ lorsque j’ai converti 20 $ en bitcoin grâce à un guichet automatique, a baissé jusqu’à atteindre 520 $, avant de remonter à son cours actuel de 600 $.
Alors que le bitcoin était avant tout un concept théorique à ses débuts, de nombreuses start-ups dépendent désormais de la devise. Or, malgré la résilience relative du bitcoin face aux événements des derniers jours, la dernière chose dont elles ont besoin, c’est une nouvelle crise de confiance face à la devise.
Philippe-Antoine Plante, qui a récemment mis sur pied la plateforme d’échange de bitcoins MORREX, fait partie de ceux qui souhaiteraient que le gouvernement canadien réglemente le secteur : « Si les plateformes d’échange étaient tenues de s’enregistrer auprès de Fintrac en tant qu’entreprises de services monétaires (ESM), ça donnerait confiance aux gens », explique-t-il.
Une telle réglementation contraindrait sans doute les plateformes d’échanges à colliger des données sur leurs clients comme le font les bureaux de change. Philippe-Antoine Plante collecte déjà les coordonnées de ses clients et ne voit pas d’inconvénient à une telle exigence. Après tout, une telle exigence repousserait surtout ceux qui utilisent des bitcoins pour faire de l’évasion fiscale ou des transactions illégales.
Alexandre Bourget, co-fondateur de BitCredits, voit lui aussi d’un bon œil une réglementation accrue de l’économie bitcoin. Incubée par FounderFuel, sa start-up permet quant à elle aux marchands en ligne d’accepter la devise sans risque, comme le fait BitPay.
Alexandre Bourget craint toutefois que le gouvernement impose des règlementations qui étoufferaient les start-ups comme la sienne : « Je pense qu’on pourrait réglementer légèrement le bitcoin pour encadrer les choses qui sont les plus critiques, mais il ne faudrait pas que ça soit trop lourd », explique l’entrepreneur.
Même si d’éventuelles obligations réglementaires venaient à augmenter les frais d’exploitation de BitCredits, qui ne charge aucuns frais de transactions à ses clients, Alexandre Bourget ne croit pas que le bitcoin perdrait son avantage compétitif : « Je pense qu’on serait malgré tout capable de charger moins que les 3 % à 4 % de frais de transactions associées aux cartes de crédit », explique-t-il.