Le dépanneur est un symbole du Québec au même titre que le sirop d’érable, les restaurants Apportez votre vin et la tourtière. Même que la collègue Judith Lussier a écrit un livre sur le sujet! Ce n’est donc pas étonnant qu’E-panneur, une start-up montréalaise issue de l’incubateur de Concordia District 3, ait décidé de s’inspirer de ce commerce de proximité pour offrir un service de livraison le même jour de nourriture et de produits de pharmacie.
Pour mettre à l’essai le nouveau service, j’ai utilisé son site Web (uniquement en anglais) pour commander une caisse de 24 Red Bull. C’était mercredi et il était 14h11 lorsque j’ai passé ma commande. J’ai décidé de payer par carte de crédit sur le site, même s’il était possible de payer en argent comptant ou par carte lors de la livraison. J’ai aussi choisi comme adresse de livraison celle de Les Affaires, entre 17h et 18h.
Le processus de commande était très intuitif et j’ai immédiatement reçu une confirmation par courriel. Puis, à 16h45, j’ai obtenu un courriel confirmant qu’on me livrerait mes Red Bull entre 17h40 et 17h55. Ce n’est finalement qu’à 18h05 qu’un livreur arborant fièrement un t-shirt aux couleurs d’E-panneur est arrivé à la porte du journal, avec deux sacs de papier bruns dans les mains.
Il s’est excusé du retard, puis m’a remis les sacs. Je n’ai pas pris le temps de discuter avec lui, puisque je devais me rendre à la Maison Notman à 18h30, pour un cours de programmation prodigué par Decode MTL. Ce n’est qu’après qu’il eut disparu dans l’ascenseur que je me suis demandé ce qu’il faisait en t-shirt par un temps pareil.
En tout, mes 24 Red Bull m’ont coûté 56,14 $, incluant les taxes (6,41$) et les frais de livraison (6,99$). Bref, cela revient à 2,34 $ par Red Bull. C’est moins cher que dans le dépanneur de mon immeuble, où la boisson revient à 3,50 $, mais à peu près le même prix qu’au Dollarama.
E-panneur : Mieux qu’un bon vieux dépanneur?
E-panneur : Mieux qu’un bon vieux dépanneur?
Certes, les dépanneurs sont nombreux à offrir la livraison à Montréal et leur offre de produits recoupe en partie celle d’E-panneur. La start-up s’en démarque toutefois en vendant certains produits en gros issus de Costco, comme ma caisse de Red Bull, mais aussi, comme des contenants grand format d’huile d’olive ou encore des produits surgelés.
E-panneur offre aussi une sélection de produits frais, qui provient de Loblaws, plus complète que n’importe quel dépanneur. On y trouve aussi des produits de pharmacie, pour leur part achetés chez Jean-Coutu. Les prix d’E-panneur sont gonflés par rapport à ceux des détaillants où la start-up s’approvisionne, mais demeurent généralement moins élevés que ceux en vigueur dans un dépanneur.
On y paye davantage qu’on le ferait en commandant sur le site transactionnel d’IGA, mais on y perd moins de temps à passer une commande et la fenêtre de livraison d’E-panneur est un peu plus étroite. Ce n’est du reste pas étonnant qu’E-panneur, une start-up, puisse offrir une meilleure expérience utilisateur qu’IGA, un détaillant traditionnel. Parlant d’expérience utilisateur, j’ai même eu droit à une petite surprise, un lapin en chocolat, en ouvrant les sacs d’E-panneur. Il est toutefois à noter qu’IGA lancera sous peu une nouvelle mouture de son site transactionnel.
Cela dit, la proposition de valeur d’E-panneur, quand on la compare à ce qui existe déjà à Montréal, est loin de constituer un pas-de-géant. On parle ici d’une innovation à la marge. On est loin d’Amazon Fresh, dont la proposition de valeur est de permettre aux consommateurs (dans une poignée de villes américaines) de cesser de se déplacer pour faire l’épicerie sans pour autant payer un premium substantiel pour le privilège.
Je soupçonne qu’E-panneur est encore au stade de l’exploration. Aussi, je ne serais pas surpris que la start-up finisse par trouver sa niche en analysant les besoins de ses premiers clients. On peut ainsi imaginer qu’elle se redéfinira comme un service de livraison ultrarapide de Red Bull (probablement pas), un service d’abonnement permettant de se faire livrer un panier d’épicerie identique chaque semaine ou même un club d’achats groupés de produits frais.